— Publié le 10 octobre 2018

A Tokyo, guerre des chiffres autour des Jeux de 2020

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Qui croire ? Difficile. Lundi 8 octobre, au premier jour de la 133ème session du CIO à Buenos Aires, le directeur général du comité d’organisation des Jeux de Tokyo 2020, Toshiro Muto, a présenté devant les membres de l’assemblée olympique un « rapport à date » très encourageant sur le coût de l’événement.

Le Japonais a annoncé avoir encore gagné 2,1 milliards de dollars sur le budget des Jeux de 2020. Au total, les économies réalisées par Tokyo 2020 s’élèveraient à 4,3 milliards de dollars. Le budget se monterait donc désormais à 12,6 milliards de dollars, dont un peu moins de la moitié (5,6 milliards) pour la préparation proprement dite de l’événement olympique.

Seul ennui, mais de taille : les chiffres se révèlent très contradictoires, d’une source à l’autre. Un rapport publié ces derniers jours par le bureau d’audit du gouvernement japonais en avance un autre, nettement moins en phase avec la tendance souhaitée par le CIO. Il fait état d’un budget de 25 milliards de dollars américains, suggérant que ce montant déjà astronomique pourrait encore gonfler.

En septembre 2013, au moment de la désignation de Tokyo comme ville-hôte des Jeux de 2020, les Japonais avaient écrit noir sur blanc la somme de 7,3 milliards dans la colonne consacrée au budget des JO.

Depuis, les Jeux de Tokyo 2020 ont été le prétexte à une guerre des chiffres entre les pouvoirs publics, dont la gouverneure de la capitale, Yuriko Koike (photo ci-dessus), le comité d’organisation et le CIO. A chacun sa propre lecture des dépenses olympiques. Avec, au final, une évaluation très incertaine du coût réel des Jeux.

En début d’année, Yuriko Koike a annoncé que la ville allait devoir consentir à une contribution supplémentaire, estimée à 7,2 milliards, pour mener à terme certains projets liés directement ou indirectement aux Jeux. Parmi eux, la construction d’installations adaptées pour les athlètes paralympiques, un programme de formation des bénévoles, la promotion de l’événement et un plan tourisme.

Pas question d’imputer tout cela aux Jeux, ont répondu d’une même voix le CIO et les organisateurs. Selon eux, ces dépenses n’ont rien de directement olympiques, elles constituent des « frais administratifs normaux ne faisant pas partie du budget des Jeux. » A discuter.

Dans son rapport, un document de 178 pages, le bureau d’audit du gouvernement japonais pointe une furieuse inflation des coûts des Jeux à supporter par l’Etat. Ils s’élèveraient à 7,1 milliards de dollars. En décembre dernier, leur montant avait été estimé à 1,3 milliard de dollars.

Résultat : une note globale à nouveau dans le rouge. Le bureau d’audit avance le chiffre de 25 milliards de dollars. Il précise même que « les dépenses devraient continuer à monter après l’année 2018, tout au long de la dernière phase de préparation des Jeux. »

Interrogé par Associated Press, le comité d’organisation des Jeux de Tokyo 2020 a répété le refrain habituel : une grande partie des dépenses citées dans le rapport ne peut pas être imputée aux JO. Son porte-parole, Masa Takaya, a expliqué qu’il n’était pas possible de considérer comme des dépenses olympiques les coûts liés au tourisme, à la construction de routes, aux mesures prises pour créer une société plus durable, ou encore à l’achat de nouveaux satellites destinés à affiner les prévisions météorologiques.

Dépenses olympiques ou pas ? A Tokyo comme ailleurs, la question ne sera sans doute jamais tranchée. Seule certitude : sur les 25 milliards de dollars de budget estimés aujourd’hui par le rapport du bureau d’audit du gouvernement japonais, 80% seront à supporter par les contribuables.