— Publié le 16 juillet 2019

A l’AIBA, le dossier Rakhimov définitivement refermé

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L’épisode a été douloureux. Il laissera des traces durables. Mais il appartient désormais au passé. Gafur Rakhimov, le sulfureux dirigeant ouzbek installé pendant plus d’une année à la tête de l’AIBA, quitte enfin l’univers de la boxe olympique.

L’organisation internationale l’a annoncé lundi sur son site Internet officiel : Gafur Rakhimov a abandonné toutes ses fonctions au sein de l’AIBA. Il a rendu les clefs. Fin de l’histoire.

Désigné président par intérim en janvier 2018, il avait changé le temporaire en durable dix mois plus tard, à l’occasion du congrès annuel de l’organisation internationale, à Moscou. Il en avait été élu à la présidence, malgré l’hostilité maintes fois exprimée du CIO. Une élection qui allait rapidement précipiter l’AIBA dans un dédale d’ennuis et de mises à l’écart, jusqu’à son exclusion du mouvement olympique, entérinée en juin dernier par la session du CIO à Lausanne.

En mars 2019, Gafur Rakhimov avait annoncé sa décision de faire un pas en arrière. Il avait renoncé provisoirement à son mandat. Un président par intérim, le Marocain Mohamed Moustahsane, avait été désigné en urgence. Mais la manœuvre n’avait trompé personne, surtout pas la commission exécutive du CIO.

Selon les statuts de l’AIBA, Gafur Rakhimov était en droit de récupérer son bureau présidentiel dans un délai d’une année après son renoncement. Mais le conseil de l’organisation, réuni à la fin du mois de juin à Genève, a voté à une large majorité pour la suppression de l’article des statuts permettant une telle volte-face.

Sa démission immédiate et définitive, Gafur Rakhimov l’a expliquée lui-même, lundi 15 juillet, par une longue déclaration publiée sans accompagnement sur le site Internet de l’AIBA.

« Cette période de transition, la plus difficile de l’histoire de l’AIBA, coïncide malheureusement avec un moment où je dois m’impliquer de plus en plus dans une procédure visant à protéger mon honneur et ma dignité contre les accusations fausses et politiquement motivées héritées du passé », écrit le dirigeant ouzbek. Placé sur une liste noire par le Trésor américain, Gafur Rakhimov est soupçonné d’entretenir des liens étroits avec le crime organisé.

Gafur Rakhimov poursuit : « Cette démarche me contraint aujourd’hui à être constamment présent dans les procédures judiciaires afin de pouvoir rapidement laver mon nom de ces fausses accusations. Ayant appartenu à la famille de la boxe et du mouvement olympique pendant plus de 25 ans, j’ai le devoir de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour servir notre sport et nos athlètes, qui sont pour moi une priorité absolue. »

Le dossier Rakhimov refermé définitivement, l’AIBA peut passer à autre chose. Mais la suite s’annonce très incertaine. Un nouveau président devrait être élu le 15 novembre, à l’occasion d’un congrès extraordinaire prévu à Lausanne.

A condition, toutefois, que l’institution trouve les fonds nécessaires à son organisation. Désormais réduite à une maigre poignée de salariés, dont le directeur général, l’Américain Tom Virgets, elle est au bord de la banqueroute.

Qui succédera à Gafur Rakhimov ? Le Marocain Mohamed Moustahsane, installé à la présidence pour un intérim de quelques mois, part battu d’avance. Il a échoué à empêcher la suspension de l’AIBA par le CIO.

Le Russe Umar Kremlev, membre de la commission exécutive, assez fortuné pour avoir proposé de payer de sa poche la dette de l’AIBA, mène déjà campagne. Dans un communiqué envoyé lundi 16 juillet, il explique avoir « atteint son objectif » en effaçant le nom de Gafur Rakhimov.

Seul ennui, le Russe est l’objet d’une enquête disciplinaire de la commission d’éthique de l’AIBA. Une enquête dont il réfute la légitimité, tout comme celle de Jost Schmid, le président de la commission d’éthique, qu’il accuse ouvertement d’être un proche de Gafur Rakhimov. Ambiance.