— Publié le 2 juillet 2019

Les dopés russes se comptent toujours par centaines

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Drôle de journée pour le sport russe. Une journée pleine de contraste. Débutée d’un pas léger, bouclée dans une grimace.

Dans la matinée, mardi 2 juillet, la Russie a décroché comme dans un rêve l’organisation de l’Universiade d’été en 2023 (photo ci-dessus). La preuve, encore une fois, que sa mise à l’écart du mouvement sportif appartient désormais au passé, ou presque.

Mais en fin d’après-midi, un communiqué de l’Agence mondiale antidopage est venu plomber l’ambiance. Il révèle que près de 300 athlètes russes soupçonnés de dopage ont été identifiés au terme de l’analyse des milliers d’échantillons récupérés en début d’année, non sans mal, dans l’ex-laboratoire antidopage de Moscou. La preuve que le sport russe n’en a pas fini de traîner dans son ombre une odeur de dopage et de tricherie.

Le côté pile, d’abord. A Naples, où débute mercredi 3 juillet l’Universiade d’été, le comité exécutif de la Fédération internationale du sport universitaire (FISU) n’a pas tremblé au moment d’attribuer à Ekaterinbourg l’organisation de l’Universiade en 2023. La ville russe était seule candidate. Elle a été choisie à l’unanimité des 23 dirigeants présents autour de la table de réunion. Pavel Kolobkov, le ministre russe des Sports, avait fait le voyage vers Naples pour accompagner l’équipe de candidature. Il ne l’a pas regretté.

Pour la Russie, l’événement est de taille. A Ekaterinbourg, en 2023, l’Universiade disposera d’un budget de 10,1 milliards d’euros. Elle utilisera 28 sites de compétition, dont une vingtaine d’entre eux existent déjà. Le dossier de candidature prévoit la construction de nouveaux équipements pour le volley-ball, le judo, le tennis la natation et la gymnastique.

Surtout, la désignation d’Ekaterinbourg confirme le retour en force de la Russie sur la carte des grands événements sportifs. Un retour amorcé en novembre dernier lorsque la FIVB lui a attribué l’organisation du Mondial masculin de volley-ball en 2022.

Le côté face, maintenant. Franchement sombre. L’AMA l’a dévoilé mardi 2 juillet : la liste des athlètes soupçonnés de dopage, après analyse des données du laboratoire de Moscou, compte 298 noms. Ils restent secrets, tout comme leurs disciplines. Mais les détails les concernant ont déjà été envoyés à leurs fédérations internationales.

« Le service Renseignements et enquête de l’agence a identifié un groupe cible de 298 sportifs (représentant 578 échantillons) présentant les données les plus suspectes, explique l’AMA dans un communiqué. Les dossiers de 43 sportifs ont été envoyés aux fédérations concernées, qui ont commencé l’évaluation des preuves afin d’identifier les cas relevant d’une violation des règles de l’antidopage. »

Pour la Russie, le coup est dur. Certes, le sport russe n’est plus officiellement banni du mouvement sportif international, à l’exception de l’athlétisme, suspendu par l’IAAF depuis novembre 2015. Mais les chiffres dévoilés mardi 2 juillet par l’AMA pourraient semble de nature à le faire reculer de quelques pas dans sa quête de rédemption.

La suite ? La balle est désormais dans le camp des fédérations internationales concernées. Il leur revient de pousser un cran plus loin l’analyse des dossiers des présumés tricheurs, puis décider d’éventuelles sanctions. Dans le cas contraire, l’AMA se réserve le droit de saisir le Tribunal arbitral du sport (TAS).

Pour Günter Younger, le directeur du service Renseignements et enquêtes de l’AMA, la découverte de ces quelques 300 nouveaux athlètes russes soupçonnés de dopage marque « un pas de plus pour traduire en justice ceux qui ont triché, et une excellente avancée pour un sport propre et pour les athlètes du monde entier. » A coup sûr.