— Publié le 26 juin 2019

Pour les candidatures, plus rien ne sera comme avant

Institutions Focus

La révolution est en marche. Elle s’annonce spectaculaire. Une page a été tournée, mercredi 26 juin, au troisième jour de la 134ème session du CIO. A Lausanne, les membres du CIO ont validé comme un seul homme, à l’unanimité, la réforme du processus de candidature aux Jeux olympiques. Ils ont tiré un trait sur le passé. Et ouvert toute grande la porte à un avenir qui reste encore très flou.

Invité à plancher sur un nouveau modèle, John Coates n’a pas retenu son coup de ciseau. Le dirigeant australien (photo ci-dessus) a taillé dans les règles du passé. Il en a jeté l’essentiel au panier, pour accoucher d’un nouveau processus de candidature où rien ne ressemble à avant.

Dans ses grands principes, la réforme adoptée mercredi à Lausanne se veut plus ouverte et flexible. Elle ambitionne d’engager un dialogue permanent et continu pour sonder et susciter l’intérêt des villes/régions/pays et des comités nationaux olympiques concernés pour les Jeux olympiques et ceux de la Jeunesse. Elle se veut plus proactive. Elle promet une approche spécifique à chaque édition.

Dans les faits, le changement se révèle radical. Aux oubliettes, la règle des sept années entre l’attribution et l’organisation des Jeux. Elle est purement et simplement supprimée. Le CIO pourra désormais désigner une ville ou un pays hôte à tout moment, y compris plus de 10 ans avant l’événement.

Aux oubliettes, également, le terme de ville-hôte. Le CIO l’a précisé mercredi 26 juin à Lausanne : le mot « hôte » ne fait désormais plus nécessairement référence à une seule ville, mais à plusieurs villes/régions/pays. En clair, l’institution olympique acceptera, voire favorisera, des projets de Jeux olympiques organisés dans plusieurs pays à la fois. Le principe était déjà admis pour les Jeux d’hiver. Il l’est désormais également pour la version estivale.

Aux oubliettes, enfin, les traditionnelles commissions d’évaluation. Elles disparaissent du paysage, pour laisser la place à des commissions dites de « futur hôte ». Une pour l’été, composée de 10 membres, une pour l’hiver, réduite à 8 personnes.

Cette nouvelle commission, appelée à jouer un rôle déterminant dans l’attribution des Jeux, devra prendre en permanence le pouls du mouvement olympique, pour étudier très tôt les projets ou susciter les candidatures. Elle soumettra ses recommandations à la commission exécutive. La session aura en principe le dernier mot. Mais il n’est pas certain qu’elle ait souvent l’occasion de se prononcer entre plusieurs candidats.

Sur le papier, la réforme porte bien son nom. Elle fait table rase du passé, pour instaurer une procédure où tout semble à peu près permis : une candidature commune de plusieurs pays, une élection entre plusieurs dossiers, un projet unique choisi sans compétition, une décision 10 ou 15 ans à l’avance, un double vote comme pour les Jeux de 2024 et 2028… La souplesse, dans sa signification la plus étendue.

Le message est clair : le CIO ne veut s’interdire aucun scénario. « Nous voulons faire moins de perdants », répète Thomas Bach comme refrain. Surtout, l’institution olympique ne veut plus voir les candidatures abandonner la course les unes après les autres, comme lors des campagnes pour les deux prochaines éditions des Jeux d’hiver.

La suite s’annonce très floue. Il se raconte déjà que la nouvelle commission du futur hôte pourrait, sitôt formée, proposer aux Suédois de Stockholm/Are de leur attribuer les Jeux d’hiver en 2030, sous réserve qu’ils obtiennent les garanties qui leur a manqué pour concurrencer réellement les Italiens de Milan/Cortina d’Ampezzo. Il se murmure également que le CIO pourrait prendre une décennie d’avance et offrir rapidement sur un plateau les Jeux d’été 2032 à la ville australienne de Brisbane… soutenue par John Coates, l’artisan de la réforme.

Tout est possible. Rien n’est interdit. A charge pour les prochains postulants de trouver leur chemin dans le dédale des scénarios possibles.