— Publié le 6 juin 2019

A Paris, Infantino assure le présent et prépare l’avenir

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Une victoire à la soviétique. Seul candidat à son propre réélection, Gianni Infantino en a repris pour 4 ans, mercredi 5 juin, à la présidence de la FIFA. L’Italo-Suisse a été réélu par acclamation, à l’ancienne, par les représentants des 211 fédérations nationales membres de l’institution suprême du football.

Arrivé presque par surprise, en février 2016, sur un siège présidentiel jusque-là occupé par Sepp Blatter, Gianni Infantino a mis peu de temps à se sentir chez lui à la FIFA. Il a réorganisé la maison à sa façon, habile et autoritaire, installant aux postes les plus influents ses proches les plus fidèles. Il a étouffé l’opposition.

A Paris, mercredi, Gianni Infantino a enveloppé son triomphe d’un discours sans une once d’humilité. « En un peu plus de trois ans, cette organisation est passée de toxique, presque criminelle, à ce qu’elle devrait être : une institution qui développe le football ». Dans l’assistance, les plus sceptiques ont toussé. Mais ils ont sûrement déjà entendu bien pire comme discours présidentiel.

Sa victoire, Gianni Infantino l’a accompagnée d’une débauche de chiffres, tous plus astronomiques les uns que les autres. Pas sûr que tous les délégués présents au 69ème congrès de la FIFA en aient saisi la valeur et les nuances. Mais parler de dollars en milliards est toujours très apprécié dans le monde du football.

Les revenus de la FIFA n’ont jamais été aussi élevés. Pour la période 2015-2018, ils se montent à 6,421 milliards de dollars. Pas mal. Dans le même temps, les dépenses de l’institution, elles aussi astronomiques (5,368 milliards de dollars), restent inférieures. Gianni Infantino peut rouler des mécaniques : la FIFA a dégagé au cours du dernier cycle un résultat positif de plus d’un milliard de dollars.

A Paris, mercredi 5 janvier, l’Italo-Suisse a promis à ses électeurs des lendemains encore plus fortunés. Selon lui, la prochaine mouture de la Coupe du Monde des clubs, élargie à 24 équipes à partir de l’année 2021, devrait rapporter 50 milliards de dollars de revenus. « Je ne suis pas sûr que nous les aurons, mais je l’espère », a-t-il suggéré.

Le chiffre donne le tournis. Mais il pose aussi question. Gianni Infantino n’a pas précisé le nombre d’éditions de la compétition qui serait nécessaire pour atteindre un telle performance. Il n’a pas non plus expliqué d’où lui était venu une telle prédiction économique, deux fois supérieure à l’offre formulée initialement par un groupe de d’investisseurs venus d’Asie et du Moyen-Orient. Ils proposaient un pactole de 25 milliards de dollars de recettes commerciales pour trois éditions de la Coupe du Monde des clubs élargie. La FIFA ne les a pas retenus.

Pour le reste, le congrès de la FIFA a accouché d’une annonce et alimenté une rumeur.

L’annonce, d’abord. Le prochain congrès de l’institution se déroulera en Ethiopie. En mai 2020, les dirigeants du monde du football se retrouveront au siège de l’Union Africaine, à Addis-Abeba. Un élégant renvoi d’ascenseur de la part de Gianni Infantino pour un continent qui lui est fidèle depuis le premier jour. Il s’agira du quatrième congrès de la FIFA en Afrique, après le Maroc en 2005, l’Afrique du Sud en 2010 et l’Ile Maurice en 2013.

La rumeur, maintenant. Elle relaye une information de l’Equipe selon laquelle Emmanuel Macron et Gianni Infantino auraient une nouvelle fois évoqué un possible déménagement du siège de la FIFA à Paris. Les deux présidents se sont rencontrés mardi 4 janvier à l’Elysée, à la veille du congrès de la FIFA. Ils auraient prolongé une discussion entamée en décembre dernier à l’occasion d’une première visite de Gianni Infantino à Paris.

Installée à Zurich depuis 1932, la FIFA a d’abord été domiciliée à Paris, où elle a été fondée en 1904. Reviendra-t-elle à son point de départ ? « Gianni Infantino nous a confirmé qu’il avait le souhait de réfléchir à ce sujet, sans qu’il y ait de décision qui semble avoir été prise, a indiqué l’Elysée à l’Equipe. Et on a confirmé qu’on était prêt à y travailler avec eux. Mais il n’y a rien de vraiment engagé à ce stade. La France est une des destinations qu’ils ont en tête, et il y en a d’autres. » Affaire à suivre.