— Publié le 6 février 2019

Pour les Jeux d’hiver, Kasper préfère les dictatures

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Gian Franco Kasper n’a jamais été connu pour aimer retenir ses propos. Avec l’âge, son goût d’un style direct et sans nuance l’entraîne parfois sur un terrain glissant.

En début d’une semaine, le président de la Fédération internationale de ski (FIS), âgé de 75 ans, a accordé une interview au quotidien suisse alémanique Tages Anzeiger, à l’occasion de l’ouverture des championnats du Monde de ski alpin à Are, en Suède. Elle a fait grand bruit.

Interrogé sur l’impact écologique de la neige artificielle, Gian Franco Kasper a attaqué fort. A l’écouter, le phénomène est anecdotique. « Toutes ces discussions sur la neige artificielle ou le gaspillage d’eau ne s’arrêtent jamais, bien qu’aucune goutte d’eau ne soit gaspillée, a suggéré le dirigeant suisse, président de la FIS depuis 1988. L’énergie que cela demande, c’est autre chose. Mais en terme de perte d’eau, c’est pareil lorsque vous arrosez le jardin. Et puis, il y a ce soi-disant changement climatique… Il n’y a aucune preuve. Nous avons de la neige, même parfois beaucoup. »

Très en verve, Gian Franco Kasper a enfoncé le clou en rappelant les conditions climatiques, extrêmes en début d’événement, des Jeux d’hiver de Pyeongchang 2018. « A toutes les personnes qui venaient vers moi en grelottant, je leur disais: « Bienvenu dans le réchauffement planétaire ! » Il y a toujours eu des hivers chauds et d’autres froids. » Pas faux.

A ce stade de l’entretien, les propos du dirigeant suisse, l’un des doyens du CIO, auraient encore pu passer pour seulement excessifs, voire uniquement provocateurs. Mais Gian Franco Kasper a dérapé avec fracas à l’évocation des Jeux d’hiver de Pékin en 2022. « Les dictateurs peuvent en effet organiser de telles manifestations sans demander la permission au peuple. Pour nous, tout est plus facile dans les dictatures. D’un point de vue commercial, je ne me rendrais plus que dans des dictatures. Ainsi, je n’aurais pas à me bagarrer avec des défenseurs de l’environnement. » Les Chinois ont dû apprécier.

Radical. Et surtout très malvenu, quelques jours seulement après la visite en Chine de Thomas Bach, le président du CIO. Une visite sur les sites des prochains Jeux d’hiver pendant laquelle l’institution olympique a répété comme un refrain que l’événement s’annonçait comme le plus vert de l’histoire.

Au passage, Gian Franco Kasper ne s’est pas interdit un tacle très appuyé en direction de la FIFA. « Je ne veux pas me rendre dans un pays qui investit dans le ski tout en laissant son peuple mourir de faim. Si le Qatar demande les Jeux olympiques, je n’y serais pas favorable. » Et vlan !