— Publié le 26 novembre 2018

Sheikh Ahmad se déleste de toutes ses casquettes

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La fin d’une époque ? Peut-être. Sheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah, l’un des personnages les plus puissants du mouvement olympique, s’apprête à rendre une à une toutes ses casquettes. A titre provisoire, selon la version officielle. Mais son avenir  de dirigeant sportif s’écrit désormais au conditionnel.

Sheikh Ahmad est visé par une enquête de la justice suisse sur des faits présumés de « faux dans les titres » à Genève. Il est soupçonné, avec quatre autres personnes, d’avoir monté une machination visant à faire porter à l’ancien premier ministre du Koweït et au président du Parlement la responsabilité d’un projet de coup d’état.

Le dirigeant koweïtien nie vigoureusement les faits. Il avoue faire confiance à la justice suisse pour faire la lumière sur toute l’affaire et prouver son innocence. En attendant, il se déleste une à une de ses nombreux mandats de dirigeant olympique.

La semaine passée, il a fait savoir qu’il se retirait à titre provisoire de ses activités au sein du CIO. Lundi 25 novembre, il a renoncé à son rôle de président de l’Association des comités nationaux olympiques (ANOC). Il aurait dû prolonger son bail à la présidence de l’organisation au cours de cette semaine, à l’occasion de l’assemblée générale annuelle, les 28 et 29 novembre à Tokyo. Il ne le fera pas.

En début d’après-midi, lundi, le CIO a annoncé via un communiqué que sa commission exécutive, réunie pour une conférence téléphonique, avait pris les décisions suivantes :

  • Elle prend note et approuve le  rapport et les recommandations de la commission d’éthique du CIO concernant la situation du Sheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah, membre du CIO et président de l’Association des Comités Nationaux Olympiques (ACNO).
  • Elle prend acte de la décision du Sheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah de suspendre temporairement tous ses droits, prérogatives et fonctions liés à sa qualité de membre du CIO et président de la commission de la Solidarité Olympique.
  • Elle prend acte de la décision du Sheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah de se suspendre temporairement de ses rôles et responsabilités au sein de l’ACNO. Cette décision prendra effet le 28 novembre 2018 au matin, une fois réglés les aspects de procédure de l’assemblée générale 2018 de l’ACNO à Tokyo.

Plus tard dans la journée, un communiqué de l’ACNO a confirmé la décision de son président de renoncer pour un temps à toutes ses activités au sein de l’organisation.

Les choses sont claires. Mercredi 28 novembre, en ouverture de l’assemblée générale de l’ACNO, Sheikh Ahmad prendra la parole pour annoncer sa décision d’abandonner son mandat de président le temps de l’enquête de la justice suisse. Il expliquera également renoncer à se présenter à sa propre succession.

La suite ? Pour le dirigeant koweïtien, elle s’annonce incertaine. Tout juste sait-on que Sheikh Ahmad sera entendu par la commission d’éthique du CIO, dont la prochaine réunion est prévue à la mi-janvier 2019 à Lausanne. Son procès et celui de ses quatre présumés complices est annoncé pour le premier semestre 2019.

Pour l’ACNO, le scénario est déjà connu. L’élection à la présidence sera reportée. Le Fidjien Robin Mitchell, appelé à prendre la vice-présidence de l’organisation à partir de l’assemblée générale de Tokyo, cette semaine, grimpera un cran supplémentaire. Il assurera l’intérim sur le fauteuil de président, jusqu’à la tenue de nouvelles élections.

Question : reverra-t-on Sheikh Ahmad dans le mouvement olympique ? La justice suisse pourrait apporter un début de réponse. Le CIO fera le reste. Depuis les Jeux de Rio 2016, trois membres de l’organisation olympique ont été impliqués dans des affaires de corruption : l’Irlandais Patrick Hickey, le Namibien Frankie Fredericks, le Brésilien Carlos Nuzman. Ils n’ont pas été officiellement rayés de la carte, mais leur silhouette n’a plus été aperçue dans l’environnement de l’organisation olympique.

Sheikh Ahmad semble promis à une destinée très similaire. A moins que son allié historique, Thomas Bach, en décide autrement. Pour services rendus.