— Publié le 31 mai 2018

Le TAS envoie Lassana Palenfo dans les cordes

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Le feuilleton continue dans le mouvement olympique africain. Avec les mêmes acteurs. Mais, cette fois, les rôles sont inversés.

Douze mois après les faits, le Tribunal arbitral du sport a annulé le résultat de l’élection à la présidence de l’Association des comités olympiques africains (ACNOA). L’Ivoirien Lassana Palenfo (photo ci-dessus), réélu en mai 2017 pour un quatrième mandat, devra remettre son poste en jeu. Son rival, le Camerounais Hamad Kalkaba Malboum (photo ci-dessous), peut continuer à rêver.

Rappel des faits. Mercredi 10 mai 2017, Lassana Palenfo est réélu par acclamation à la présidence de l’ACNOA, à l’occasion de l’assemblée générale de l’organisation continentale, à Djibouti. Son unique opposant, Hamad Kalkaba Malboum, a été contraint de se retirer de la course. Le Camerounais est accusé par la commission exécutive de l’ACNOA de tentative de corruption et d’avoir utilisé pendant sa campagne l’aide et les ressources de son gouvernement.

Ecarté sans ménagement pour avoir enfreint le code d’éthique, Hamad Kalkaba Malboum n’est pas resté sans réaction. Le dirigeant camerounais, président de la Confédération africaine d’athlétisme, a saisi le Tribunal arbitral du sport pour faire invalider l’élection.

En novembre 2017, à l’assemblée générale de l’ACNO à Prague, la grogne de l’opposition a résonné d’un tel vacarme qu’il a fallu à Lassana Palenfo faire un pas en arrière. Il a été maintenu à son poste, mais la plupart de ses responsabilités ont été confiées au comité exécutif.

En mars dernier, nouvel épisode. Le comité exécutif de l’ACNOA décide de destituer provisoirement Lassana Palenfo de la présidence. L’Algérien Mustapha Berraf, premier vice-président, est désigné pour assurer l’intérim.

Pour Hamad Kalkaba Malboum, l’attente a été longue. Mais après douze mois de procédure, les experts du TAS ont donné raison au plaignant. Ils ont notamment estimé qu’il n’existait aucune preuve suffisante d’une quelconque tentative du Camerounais d’acheter des voix. Mustapha Berraf en a informé ses pairs, cette semaine, via un courrier. « J’ai l’honneur de porter à votre connaissance que l’élection du Président de l’ACNOA à Djibouti est annulée et que de nouvelles élections doivent être organisées concernant le poste sus indiqué, ouvertes à tous », a écrit le dirigeant algérien.

Dans son verdict, le TAS a également annulé les sanctions prises par l’ACNOA à l’encontre du Camerounais. L’organisation devra lui verser, à titre de compensation, la somme de 8.000 francs suisses pour couvrir les dépenses engagées dans le cadre sa procédure d’appel.

Mustapha Berraf devra donc prolonger son intérim. Un nouveau scrutin sera organisé dans les mois à venir. Hamad Kalkaba Malboum sera-t-il candidat? Probable. Mais il n’a pas encore exprimé son intention.

Lassana Palenfo, de son côté, va devoir choisir entre deux stratégies: faire appel de la décision du TAS, ou se préparer à une nouvelle élection. A moins que le dirigeant ivoirien décide de mettre les pouces. Un scénario possible, sa position semblant de plus en plus fragile depuis la tumultueuse assemblée générale extraordinaire de l’ACNOA en novembre dernier à Prague, où une majorité des membres de la commission exécutive lui a tourné le dos.

Dans tous les cas, la situation très chaotique du mouvement olympique africain intervient à un moment où les enjeux se succèdent pour le continent. Le CIO a récemment bouclé une visite au Sénégal, au Botswana et au Nigéria, trois des quatre pays africains en course pour l’accueil des Jeux de la Jeunesse 2022. L’événement est promis à l’Afrique, sous réserve que l’une de ses candidatures remplisse les standards.

Par ailleurs, l’ACNOA n’a toujours pas attribué l’organisation des Jeux Africains en 2019. Elle en a pourtant enfin obtenu la maîtrise et la gestion, pour la première fois, après un long bras de fer avec l’Union africaine.