— Publié le 22 mars 2018

« Les joueuses nord-coréennes nous manquent »

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Improbable scénario. Moins d’un mois après la fin des Jeux d’hiver de PyeongChang 2018, l’équipe féminine unifiée de Corée de hockey sur glace féminin pourrait bien se découvrir un avenir. Et même, qui sait, se reformer aux Jeux olympiques.

Au lendemain de la cérémonie de clôture, organisée dimanche 25 février, les joueuses des deux Corée ont séparé leurs routes. Les 12 Nord-Coréennes ont repris le chemin de Pyongyang. Depuis, silence radio. Habituel. Les 23 Sud-Coréennes et leur entraîneur, la Canadienne Sarah Murray, ont pris une dizaine de jours de vacances. Depuis, elles ont repris l’entraînement.

Prochaine étape: les Championnats du Monde 2018. La Corée du Sud, intégrée à la division 1B, se déplacera à Asiago, en Italie (8 au 14 avril). Le Nord enverra son équipe à Maribor, en Slovénie (31 mars au 6 avril, pour le tournoi de la division 2A.

La vie continue, donc. A chacun sa destinée ? Pas tout à fait. Sarah Murray l’a avoué mercredi 21 mars à Séoul, l’occasion de la soirée des Coca Cola Sports Awards, où son équipe a été récompensée d’un trophée: l’expérience d’une équipe commune a laissé des traces. « Nous avons actuellement plusieurs blessées dans notre effectif, pouvoir compter sur les joueuses nord-coréennes nous aiderait à faire le nombre, a expliqué la Canadienne, à la tête de l’équipe nationale depuis 2014. Je dois avouer qu’elles nous manquent beaucoup. Elles ont apporté une plus grande intensité dans nos entraînements et dans notre jeu. Nous avons appris à nous connaître. »

Sarah Murray n’avait pourtant pas fait mystère, en janvier dernier, à l’annonce du projet, de ses réticences à voir 12 joueuses venues de Corée du Nord se glisser dans son effectif. Elle l’a reconnu mercredi soir: « Au début, mes joueuses ont fait preuve d’une certaine résistance. Mais nous avons finalement pris beaucoup de plaisir. J’espère que nous avons contribué à changer l’image de la Corée du Nord dans l’esprit des gens, et en même temps démontré ce que le sport peut accomplir. »

Sur la glace, le résultat n’a pas été très spectaculaire. L’équipe unifiée a passé une grande partie du tournoi olympique à aller chercher le palet dans ses propres filets. Cinq matchs, 5 défaites. Vingt-huit buts encaissés, seulement 2 marqués. Mais l’effet PyeongChang a été spectaculaire. Sarah Murray l’a expliqué à l’agence Yonhap: « Au-delà du résultat, la publicité autour de notre équipe aux Jeux de PyeongChang a attiré l’attention sur notre équipe et notre sport. Avant, les gens savaient à peine que nous existions. Aujourd’hui, on me reconnaît dans la rue. Cette nouvelle notoriété devrait inciter des jeunes Coréennes à se mettre au hockey sur glace. »

L’aventure de l’équipe unifiée pourrait se poursuivre. Rien n’est encore officiel, mais l’idée d’un match de retrouvailles avait été évoquée avant la fin des Jeux de PyeongChang.

Plus important: la Fédération internationale de hockey (IIHF) milite déjà pour l’écriture d’un remake aux Jeux de Pékin en 2022. René Fasel, son président, explique: « La réunion des deux Corée dans une même équipe, la première de l’histoire aux Jeux, hiver comme été, a constitué un message fort pour la paix dans la région. Il faut continuer. Nous allons essayer. Il serait excellent, par exemple, que cette équipe se produise une nouvelle fois aux Jeux de Pékin en 2022. » Le CIO et Thomas Bach ne diraient pas non.