— Publié le 11 février 2018

Première médaille russe, premier couac olympique

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La Russie n’a pas de médaille aux Jeux de PyeongChang 2018. Elle n’en aura pas. Mais ses athlètes ne s’en priveront pas. Au premier soir des compétitions, samedi 10 février, l’équipe des « Athlètes olympiques de la Russie » a déjà pris place au classement des médailles. En position encore modeste, certes. Mais cette entrée en matière a apporté aux Jeux sa première controverse.

Semen Elistratov, 27 ans, a décroché la médaille de bronze dans l’épreuve du 1.500 m, à la patinoire de short-track de Gangneung (photo ci-dessus, à droite). Sur le moment, le public n’a eu d’yeux que pour le vainqueur, le Sud-Coréen Lim Hyojun. Normal. Mais les propos du Russe, devant les médias, ont jeté un froid.

« Je retenais à peine mes larmes lors de la remise des médailles, a expliqué Semen Elistratov, habillé du survêtement gris sans le moindre drapeau de la délégation des « Athlètes olympiques de la Russie ». Elle est très lourde pour moi, car obtenue après bien des épreuves. Je n’ai pas cédé là où cédaient les autres. J’en suis très fier. Je dédie cette médaille à tous ceux qui ont été suspendus des Jeux de façon aussi lâche et ignoble. Je veux leur dire: « Tenez-bon et luttez ».

Semen Elistratov n’a pas mâché ses mots. Sa prise de position en appellera surement d’autres, sur tous les podiums, présumés nombreux, où les « AOR » seront invités aux Jeux de PyeongChang.

Richard Budgett, le directeur médical du CIO, l’a expliqué le lendemain en conférence de presse: « Les athlètes russes ont été particulièrement surveillés par notre très ambitieux programme de tests avant les Jeux. A PyeongChang, ils seront surveillés, c’est certain. Mais j’ai confiance dans le fait que les athlètes russes que nous avons invités à ces Jeux d’hiver sont propres. »

Admettons. Seul ennui: Semen Elistratov, médaillé d’or en relais aux Jeux de Sotchi 2014, a été temporairement suspendu pour dopage, en mars 2016, pour avoir été contrôlé positif au Meldonium. Sa suspension a été rapidement levée, le produit en question ne figurant pas sur la liste des substances interdites au moment des faits. Mais elle jette un doute.

Pouvait-il être invité aux Jeux de PyeongChang? Richard Budgett a tenté une réponse convaincante, ce dimanche 12 février: « Le comité indépendant chargé de désigner les athlètes russes invités a tenu compte d’un grand nombre de critères, au moins 16, pour établir sa liste. Parmi eux, un passé vierge de tout contrôle positif. Mais comme vous le savez, le Meldonium est un cas un peu particulier. »

Aux Jeux de PyeongChang, 2.500 tests antidopage seront effectués, dont 1.600 en dehors des compétitions. Un millier d’entre eux a déjà été réalisé, alors que les épreuves viennent seulement de débuter. Richard Budgett l’a assuré une main sur le coeur: « Nous sommes très confiants dans ce programme. Il est mené en collaboration étroite entre le CIO, l’AMA, les agences nationales antidopage, les fédérations internationales et le comité d’organisation. Et pour la première fois, les éventuelles sanctions ne seront pas prises par le CIO, mais par une autorité indépendante. »

Le refrain est connu, souvent répété et maintes fois entendu. A ce jour, il a presque toujours été démenti par les faits.