— Publié le 16 janvier 2018

Un train à deux vitesses aux Jeux de PyeongChang

Événements Focus

La Corée du Nord sera de la fête, la billetterie retrouve du souffle et des couleurs, le centre de presse a accueilli ses premiers journalistes… A 24 jours de l’ouverture des Jeux de PyeongChang 2018, les clignotants passent au vert les uns après les autres. L’embellie après les tracas. L’optimisme après le doute. Alléluia.

Mais une zone d’ombre demeure. Elle n’est pas anodine puisqu’elle concerne les transports, l’un des facteurs clés de la réussite, ou l’échec, des Jeux olympiques. A un peu plus de 3 semaines du lever de rideau, deux nouvelles inquiètent.

La première vient de l’aéroport d’Incheon, à Séoul, le principal point d’entrée en Corée du Sud pour les délégations et visiteurs étrangers. Les douanes sud-coréennes ont annoncé, lundi 15 janvier, leur décision de renforcer les mesures de contrôle des bagages pour les passagers à l’arrivée. A partir du 26 janvier, ils seront tous inspectés, de façon systématique, avant l’accès au terminal d’accueil. La procédure restera en vigueur jusqu’au 18 mars 2018. Elle devrait également être appliquée aux autres aéroports et ports maritimes de la région.

 

 

Objectif annoncé: assurer une sécurité maximale aux Jeux olympiques et paralympiques de PyeongChang 2018. L’intention est respectable, mais ses effets s’annoncent spectaculaires. Selon un représentant du service des douanes, la renforcement du contrôle des bagages allongera à coup sûr le temps nécessaire pour quitter l’aéroport. A Incheon, les autorités estiment qu’il faudra une à deux heures de plus que lors d’une arrivée en période normale.

En soi, rien de dramatique. Mais quitter l’aéroport après un voyage souvent long ne constituera pas la fin du périple pour les délégations étrangères. Athlètes et officiels devront ensuite rejoindre la station de train, puis monter à bord de l’un des nouveaux KTX, ces trains à grande vitesse mis en service le mois dernier pour relier Incheon, puis Séoul, aux sites olympiques en moins de 2 heures.

Autre poil à gratter en perspective pour les organisateurs sud-coréens: le train. Déterminés à booster les ventes de places, ils ont mis en avant l’arrivée dans le décor du nouveau KTX PyeongChang 2018. Un atout pour les Jeux. Un moyen présenté comme sans égal pour assister aux épreuves olympiques depuis Séoul en faisant l’aller-retour dans la journée. La compagnie sud-coréenne des chemins de fer propose aux spectateurs des abonnements valables 5 ou 7 jours. Bingo.

Seul ennui, mais de taille: la réservation d’un billet. Elle s’annonce complexe pendant la période du Nouvel an lunaire, entre le 14 et le 18 février 2018, traditionnellement marquée par des trains bondés et des autoroutes saturées, les Sud-Coréens quittant la capitale en masse pour rejoindre leurs familles dans le reste du pays.

La réservation des billets de train pour cette période débutera mercredi 17 février sur le site officiel, www.letskorail.com. Source évidente de polémique, elle ouvrira dès 6 heures du matin en heure locale pour la version coréenne, mais seulement 10 heures plus tard dans la version en anglais.

En clair, les visiteurs étrangers prendront une dizaine d’heures dans la vue, avec la perspective de ne plus trouver un seul siège disponible aux horaires les plus demandés. Selon un internaute coréen, cité par le site koreaexpose.com, tous les billets de KTX se sont vendus l’an passé en une petite demi-heure, pour la période du Nouvel an lunaire. « Avec les Jeux en plus, les touristes étrangers n’auront virtuellement pas la moindre chance de trouver un siège, y compris les détenteurs d’un abonnement », suggère-t-il.

Selon un officiel de la compagnie des chemins de fer, s’exprimant de façon anonyme, l’écart de temps entre les versions coréenne et anglaise du site de réservation a été décidé pour « favoriser le public local » désireux de voyager pour les vacances.