— Publié le 21 décembre 2017

« Pour 2023, nous avions le meilleur dossier »

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L’Afrique du Sud ne digère pas. Cinq semaines après le vote de World Rugby en faveur de la France pour l’organisation de la Coupe du Monde 2023, la déception reste immense dans le camp sud-africain. Et, avec elle, une certaine incompréhension du processus de sélection.

Présent en début de mois au Forum Peace and Sport à Monaco, le vice-ministre des Sports sud-africain, Gert Oosthuizen (photo ci-dessus), l’a expliqué à FrancsJeux. Avec amertume mais sans langue de bois.

FrancsJeux: Avec le recul de quelques semaines, comment analysez-vous votre échec dans la course à la Coupe du Monde de rugby 2023?

Gert Oosthuizen: Je ne peux pas l’expliquer. Et je ne peux pas non plus vous dire ce qui n’a pas marché. Je peux seulement vous dire ce que je sais. Je sais que l’Afrique du Sud avait le meilleur dossier de candidature. Je sais que nous avons rempli tous les critères demandés par World Rugby. Et je sais que le groupe d’experts indépendant nous avait attribué la meilleure note. A l’annonce du résultat et de la victoire de la France, nous avons tous été très surpris. Je n’ai pas d’explication. J’aimerais beaucoup en avoir une.

Est-ce une très grande déception ?

Nous sommes excessivement déçus. Nous avions répondu à toutes les exigences de World Rugby, en allant souvent même au-delà. Pour les garanties financières, par exemple, il était demandé 120 millions de livres, nous avions assuré une garantie de 160 millions. Economiquement, notre candidature était très solide. Elle l’était pour World Rugby. Elle l’était aussi pour les visiteurs étrangers, qui en auraient eu plus pour leur argent que partout ailleurs. Et elle l’était enfin pour l’Afrique du Sud, dont les retombées de la Coupe du Monde étaient importantes en termes de tourisme et d’emplois.

Serez-vous à nouveau candidat ?

Je ne sais pas. J’espère que nous le serons, mais je ne peux pas l’affirmer. Qui peut savoir où nous en serons dans 6 ans ? Si l’avenir se déroule normalement, nous serons certainement en mesure de nous lancer à nouveau dans la course. Je le souhaite. Mais avant d’envisager une nouvelle candidature, il faudra qu’on nous explique exactement quel est le processus. Aujourd’hui, il ne me semble plus très clair.

Cet échec constitue-t-il un coup de frein à vos ambitions sportives ?

Nos ambitions sont intactes. Nous avons déjà organisé avec succès la Coupe du Monde de rugby, le Mondial de football et la Coupe des Confédérations, les Jeux Africains… Nous sommes très fiers de ce passé. Pour les Jeux du Commonwealth 2022 à Durban, nous avions les garanties financières et le budget. Mais les conditions techniques ont changé. Il aurait été irresponsable pour le gouvernement sud-africain de continuer avec cette nouvelle donne. Mais nous avons toujours la volonté de les organiser un jour prochain. Et même un événement encore plus grand.

Vous pensez aux Jeux olympiques ?

Bien sûr. L’Afrique ne les a jamais eus, malgré tout ce que le continent a apporté au monde sportif. Le processus est très différent. Et il ne me revient pas d’annoncer aujourd’hui que nous serons candidats. Mais le projet d’organiser les Jeux olympiques est toujours présent dans notre esprit. Nous n’avons certainement pas renoncé.

Sept ans après, quel est aujourd’hui l’héritage de la Coupe du Monde de football 2010 en Afrique du Sud ?

Il est multiple. Le Mondial 2010 nous a permis de construire un train à grande vitesse. Il a accéléré notre développement numérique. Nous possédons aujourd’hui des stades de très haut niveau, modernes et multi-usages, capables de recevoir les plus grands événements mondiaux. Surtout, nous avons créé un fonds spécial Mondial 2010, dont les ressources servent à détecter et former les champions de demain, dans toutes les disciplines.

Sportivement, quels objectifs avez-vous fixé pour les Jeux de Tokyo 2020 ?

Nous voulons progresser. Nous avons remporté 6 médailles, dont 3 titres, aux Mondiaux d’athlétisme en 2017 à Londres. Nous voulons confirmer cette progression aux Jeux de Tokyo. Nous avons mis en place un plan sur plusieurs années. Il prévoit notamment une vaste opération de détection. Les meilleurs espoirs sont envoyés dans nos centres d’entraînement nationaux. Nous portons également nos efforts sur les entraîneurs. Mais ce programme ne concerne pas seulement les Jeux olympiques. Il touche aussi le cricket, le tennis et le rugby.