Candidatures

« Si nous allons au bout, nous serons plus solides »

— Publié le 10 octobre 2017

J – 1 pour la candidature de Sion aux Jeux d’hiver en 2026. Mercredi 11 octobre, le Conseil fédéral suisse doit se prononcer sur son soutien au projet olympique. Une décision de principe qui serait accompagnée, en cas de feu vert, par l’assurance des garanties financières apportées par le gouvernement helvétique.

Au comité de candidature, l’étape du 11 octobre est attendue avec confiance et sérénité. Le projet de Sion 2026 s’appuie sur un budget très raisonnable et un concept rassembleur. Il pourrait également être servi par un contexte géopolitique favorable, les candidatures concurrentes étant encore hypothétiques.

L’avocat lausannois Jean-Philippe Rochat (photo ci-dessous), président du comité de candidature de Sion 2026, a répondu aux questions de FrancsJeux.

FrancsJeux: La question du budget est devenue cruciale pour une candidature olympique depuis l’adoption par le CIO de l’Agenda 2020. Combien coûteraient les Jeux d’hiver à Sion en 2026?

Jean-Philippe Rochat: Notre budget a été établi à 1,9 milliard de francs suisses (1,65 milliard d’euros). La Confédération helvétique en prendrait 700 millions à sa charge. De l’avis même du CIO, nos estimations sont très confortables. Elles pourraient être encore revues à la baisse. Historiquement, le budget de Sion 2026 est le plus faible de toutes les candidatures de la Suisse aux Jeux d’hiver.

Comment êtes-vous parvenu à un chiffre aussi bas?

Nous suivons les résolutions de l’Agenda 2020, avec un nombre très réduit de constructions de sites. Dans le cas de Sion 2026, il est même inexistant. Dans notre budget, la partie relative aux infrastructures se limite à seulement 90 millions de francs suisses, pour l’essentiel consacrés à des rénovations d’équipements existants. Lausanne et Berne auront une nouvelle patinoire, indépendamment du projet Sion 2026. La station de Crans Montana est candidate aux championnats du monde de ski alpin en 2023. Nous aurions un tremplin de saut à construire, mais il serait temporaire.

Dans votre dossier, l’anneau de patinage de vitesse est encore au conditionnel…

C’est vrai. Nous avons trois options. La première consisterait à utiliser une installation provisoire à Aigle, où une entreprise doit construire une halle. La deuxième option serait de faire disputer les épreuves de patinage de vitesse en extérieur, mais il nous faudrait obtenir l’accord de la Fédération internationale de patinage (ISU). Dans le cas où aucune de ces deux solutions ne soit réalisable, nous nous tournerions vers l’étranger, Pays-Bas ou Allemagne, pour délocaliser les épreuves.

 

 

Le CIO vient de dévoiler les nouvelles règles du processus de candidature aux Jeux d’hiver 2026, avec une campagne en deux temps, raccourcie d’une année. Est-ce un avantage pour le projet suisse?

Sans doute. En Suisse, le processus démocratique est lourd, nettement plus complexe que dans les autres pays. Les obstacles à une candidature sont surtout nationaux. Nous n’en aurons pas terminé avant le mois de décembre 2018. Une campagne plus courte ne devrait pas nous handicaper, au contraire.

Comment allez-vous mener une double campagne, avec la nécessité de convaincre la population et les élus en Suisse, tout en travaillant déjà sur le lobbying international?

La campagne sera même plus que seulement double, car les messages sont différents d’un canton à l’autre. Et notre projet concerne plusieurs cantons. Nous aurons une structure unique, avec un département international. Aujourd’hui, notre priorité reste la campagne nationale. Mais si nous parvenons au bout du processus, nous aurons la candidature la plus solide depuis 1948. Nous serons plus solides que les autres.

La Suisse compte quatre membres du CIO. Est-ce un avantage pour le projet Sion 2026?

Ils peuvent être tiraillés, c’est le risque. Surtout que deux d’entre eux, René Fasel et Gian-Franco Kasper, sont également présidents d’une fédération internationale, respectivement le hockey-sur-glace et le ski. Mais ils sont avec nous, ils sont à nos côtés. Je sens chez eux une attitude positive. Ils étaient déjà à bord au moment où Swiss Olympic a créé une « task force » sur le projet de candidature aux Jeux d’hiver 2026. Ils sont tous les quatre de très bons conseils.

La Suisse a multiplié les échecs, au cours des dernières décennies, dans ses efforts pour organiser les Jeux d’hiver. Pourquoi cette nouvelle tentative serait-elle la bonne?

Grâce à l’Agenda 2020. Il permet d’impliquer un plus grand nombre de cantons, donc de répartir plus largement le risque financier. L’Agenda 2020 sera ce que les candidatures en feront. Mais il nous offre la possibilité d’être les vrais acteurs du changement.