— Publié le 4 octobre 2017

Aux Jeux de Tokyo, les athlètes ne traîneront pas au lit

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Paradoxe. Au moment où Paris 2024 et Los Angeles 2028 promettent déjà aux athlètes une « inoubliable expérience olympique », le CIO appuie des deux pieds sur la pédale de frein. Sa priorité: rogner encore dans le gras du budget des Jeux de Tokyo 2020. Quitte à revoir à la baisse les conditions de séjour au village des athlètes (photo ci-dessus). Sombre perspective.

John Coates, le président de la commission d’évaluation des Jeux de Tokyo 2020, l’a expliqué mardi 3 octobre, au premier jour de sa septième visite dans la capitale japonaise: « Nous soulevons un certain nombre de questions à destination des comités nationaux olympiques sur la façon de faire économies en réduisant, jusqu’à une limite acceptable, le niveau de services au village des athlètes. »

L’Australien aurait pu en rester là, laissant les uns et les autres se perdre en hypothèses sur la réalité de ses propos. Mais, fidèle à sa réputation, il a détaillé les premières pistes évoquées avec le comité d’organisation. Elles ne devraient pas le rendre très populaire auprès des futurs sélectionnés olympiques.

La première idée concerne directement le séjour des athlètes au village. John Coates l’a avoué: sa durée pourrait être revue à la baisse. Dans sa liste de propositions, déjà soumise à 28 comités nationaux olympiques, le CIO suggère de mettre en place à Tokyo 2020 un système de « lits transférables ». En contradiction avec la culture des Jeux, il sera demandé aux compétiteurs de débarrasser leurs chambres une fois leur épreuve terminée. Les lits ainsi libérés pourront alors être occupés par des athlètes dont la compétition n’a pas encore débuté.

La proposition en est encore au stade de projet. Les réponses des 28 comités nationaux olympiques seront discutées au cours des prochaines semaines avec la commission des athlètes du CIO, puis l’idée sera débattue au début du mois de décembre par la commission exécutive. Elle pourrait alors être nuancée, voire tout bonnement abandonnée. Mais John Coates n’en a jamais fait pas mystère, s’exprimant en sa qualité de vice-président de l’organisation olympique: « Nous devons trouver le moyen de réduire d’un milliard de dollars le budget des Jeux d’été, et de 500 millions celui des Jeux d’hiver. »

Un même principe pourrait être appliqué pour l’encadrement des équipes. Le CIO et le comité d’organisation délivreraient aux entraîneurs, techniciens, voire aux médecins, des accréditations transférables. Elles seraient valables avant et pendant l’épreuve concernée, puis elles changeraient de mains. Mais John Coates a annoncé: « Les comités olympiques recevraient une compensation financière pour avoir accepté de transférer des lits au village et des accréditations de leur staff technique. »

Sur le principe, l’idée de réserver le logement au village aux athlètes en compétition ou dans l’attente de leur épreuve n’est pas nouvelle. Certains comités olympiques ont pris l’habitude de loger les sélectionnés ayant bouclé leur compétition dans un hôtel de la ville olympique. Une façon de respecter la tranquillité et la concentration de leurs camarades encore en course, tout en goûtant jusqu’au dernier jour à l’expérience des Jeux. Mais cette formule coûte cher. Elle implique une dépense pour le comité national olympique, impensable pour les moins fortunés.

En poussant dehors une partie des athlètes, le CIO grignoterait à coup sûr quelques nouveaux millions. Il semble en avoir fait une priorité, malgré les efforts des organisateurs japonais pour abaisser à 12 milliards de dollars le budget actuel des Jeux de Tokyo 2020. Mais un tel projet pourrait aussi avoir pour effet de creuser encore l’écart entre les plus riches et les moins nantis de l’univers olympique.