— Publié le 25 septembre 2017

Les Jeux de PyeongChang 2018, y aller ou pas

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Paroles en l’air ou prise de position politique? Effet d’annonce ou malheureuse boulette? En suggérant que l’équipe de France olympique pourrait ne pas se rendre en février prochain aux Jeux d’hiver de PyeongChang 2018, Laura Flessel (photo ci-dessus) a créé en fin de semaine passée une polémique aux effets planétaires.

Le faits, d’abord. Invitée jeudi 21 septembre sur RTL, la ministre française des Sports lance une bombe en déclarant, à propos de la situation dans la péninsule coréenne et des menaces nucléaires nord-coréennes: « On ne mettra jamais dans l’insécurité notre équipe de France. Si ça s’envenime et qu’on n’arrive pas à avoir une sécurité affirmée, notre équipe de France resterait ici. Aujourd’hui, nous n’en sommes pas là, et je vous dis, je vous demande surtout, de ne pas inquiéter cette équipe de France qui travaille déjà depuis plus de 4 ans. »

Sur les ondes de la station française, Laura Flessel n’évoque pas directement un boycott. Mais les médias le font rapidement pour elle. En quelques heures, la position française fait le tour de la planète. La France devient le premier pays à exprimer par une voix officielle des doutes quant à une participation aux prochains Jeux d’hiver. Hasard ou pas, la déclaration de la ministre intervient le jour même où Thomas Bach, le président du CIO, est en visite à Marseille dans les pas d’Emmanuel Macron.

Très vite, tout s’enchaîne. Vendredi 22 septembre, le CIO s’en mêle, via un communiqué sans grande surprise. « La sécurité des athlètes et leur bien-être sont évidemment la préoccupation principale du CIO. Nous sommes en contact avec les chefs de gouvernements concernés et les Nations-Unies et personne, dans aucune discussion, n’a exprimé de doutes sur les Jeux olympiques d’hiver 2018 », assure l’organisation olympique. Admettons.

Plus gênant pour Laura Flessel, le comité olympique français (CNOSF) se fend à son tour d’un communiqué, le jour même, pour prendre le contre-pied de la ministre des Sports. « Rien à ce jour ne conduit à imaginer que les conditions d’organisation des Jeux olympiques d’hiver ne satisfassent pas les impératifs de sécurité des athlètes », avance le CNOSF.

Face à l’emballement général, Laura Flessel recule d’un pas. Elle met surtout les choses au point, se défendant d’avoir évoqué un boycott. « En général, ce sont toujours les journalistes qui parlent de boycott avant les Jeux. Mon rôle, c’est de préserver, de protéger cette équipe de France », précise-t-elle. Pas faux.

Fin de l’histoire? Pas si vite. Sans le vouloir, et sûrement sans l’avoir imaginé, la championne olympique d’escrime a conduit certaines des grandes puissances sportives mondiales à étaler leur jeu quant à la situation coréenne et la participation à la prochaine quinzaine olympique. Et là, surprise, il s’avère que la France n’est pas seule à se poser des questions.

En Autriche, mastodonte des sports d’hiver, le comité national olympique a fait savoir que « si la situation se dégrade et la sécurité de nos sportifs n’est plus garantie, nous n’irons pas en Corée du Sud ». En Allemagne, autre poids lourd de la neige et de la glace, la position est plus nuancée, mais les doutes existent: « Nous étudierons en temps utile la question d’une participation aux Jeux d’hiver de PyeongChang 2018 ».

Aux Etats-Unis, le directeur exécutif du comité national olympique (USOC), Scott Blackmun, a pris toutes les précautions diplomatiques possibles pour expliquer: « Nos préparatifs se poursuivent sérieusement et, comme pour tous les Jeux, nous continuerons de travailler avec le département d’État et les organisateurs locaux pour nous assurer que nos athlètes et toute notre délégation sont en sécurité. »

Mais la directrice de la sécurité de l’USOC, Nicole Deal, a cru bon de rédiger dès vendredi un courrier envoyé à tous les potentiels sélectionnés olympiques américains. L’agence Associated Press en a obtenu une copie. Nicole Deal explique que l’escalade des provocations entre les Etats-Unis et la Corée du Nord devrait « persister dans le futur proche ». Elle assure que cet échange de menaces ne doit pas être sous-estimé, mais qu’il n’est pas non plus précurseur d’un conflit. En clair, prudence.