Candidatures

Le Kenya rêve tout haut des Mondiaux 2023

— Publié le 16 août 2017

La prochaine décennie sera-t-elle dominée par l’Afrique? Prudence, prudence. Mais le continent semble retrouver l’ambition de recevoir les plus grands événements du calendrier sportif. En fin de semaine passée, le Maroc a déposé officiellement son dossier de candidature à la Coupe du Monde de football en 2026. Mardi 15 août, le Kenya a fait savoir par la voix de son ministre des Sports qu’il était prêt à postuler à l’organisation des Mondiaux d’athlétisme en 2023.

Rien n’est fait. Le route est encore longue. Mais Hassan Wario, le ministre kényan des Sports, préfère désormais le futur au conditionnel. Profitant d’une cérémonie organisée à Nairobi en l’honneur des athlètes médaillés aux Mondiaux de Londres 2017, il a lâché la nouvelle comme on dévoile un scoop: « Nous avons montré que nous étions capables d’accueillir de plus petits événements, aujourd’hui, il est temps que nous accueillions de grandes compétitions ».

En ligne de mire, les Mondiaux d’athlétisme en plein air en 2023. L’IAAF n’a pas encore officiellement ouvert le processus de candidature. Mais Budapest est déjà annoncée favorite, pour succéder à Doha 2019 et Eugene 2021. En Afrique, il se dit que le continent aurait plutôt intérêt à attendre 2025, une édition pour laquelle le président de la Confédération africaine d’athlétisme, Hamad Kalkaba Malboum, voit au moins six pays de taille à se présenter: Algérie, Egypte, Maroc, Kenya, Nigéria et Afrique du Sud.

Mais le Kenya ne veut pas attendre. Le pays a organisé le mois dernier les championnats du monde juniors (U18) à Nairobi. Plusieurs grandes nations avaient décidé de faire l’impasse, justifiant leur décision par une incertitude sur la sécurité des athlètes et des délégations. Au final, la compétition a accueilli les représentants de 130 pays. De l’avis général, elle a été un succès, grâce notamment à l’ambiance dans le stade.

Surtout, Hassan Wario et le gouvernement kényan espèrent surfer sur la vague des Mondiaux 2017 à Londres, où le Kenya a raflé 11 médailles, dont 5 en or, pour s’installer au 2ème rang des nations, derrière les Etats-Unis. Analyse du ministre des Sports: « Le Kenya est devenu la première nation africaine à remporter les championnats du monde à Pékin en 2015 (il pointait en tête du classement des médailles, avec 16 places sur le podium, dont 7 titres), cela ne fait que confirmer que nous devons être le premier pays à amener les Mondiaux en Afrique ».

Autre annonce, pour le moins surprenante: un plan de construction de trois grands stades, prévus à Nairobi, Mombasa et Eldoret, plus sept autres d’une taille plus réduite dans le reste du pays. Un projet pharaonique, et surtout très éloigné des exigences des Mondiaux d’athlétisme, où les compétitions se déroulent toutes dans une seule et même enceinte.

Réaliste, la candidature du Kenya ? Peut-être. A en croire Hamad Kalkaba Malboum, Sebastian Coe serait favorable à l’idée d’un rendez-vous mondial en Afrique. Le président de l’IAAF n’a pas donné de date, mais il verrait d’un bon œil que le continent prenne enfin place sur la carte, pour la première fois depuis la création de l’événement en 1983.

Signe d’embellie: longtemps englué dans la crise, le comité olympique kényan devrait retrouver rapidement crédit et stabilité. L’élection à la présidence, prévue en mai dernier mais repoussée à la suite d’une plainte de plusieurs fédérations nationales, doit se dérouler dans les prochaines semaines. Paul Tergat, double médaillé olympique sur 10.000 m (Atlanta 1996 et Sydney 2000), en sera le seul candidat. Il devrait succéder à Kip Keino, la légende du demi-fond kényan. Paul Tergat est membre du CIO. Il passe également pour un proche de Sebastian Coe, un atout non négligeable pour une candidature aux Mondiaux en plein air.