— Publié le 14 août 2017

A l’AIBA, les deux camps se rendent coup pour coup

Institutions Focus

Le timing peut sembler malheureux. Samedi 12 août, la Fédération internationale de boxe a publié un communiqué annonçant, détails à l’appui, que seulement 15 jours la séparaient désormais du début des championnats du monde masculins, prévus à partir du 25 août 2017 à Hambourg, en Allemagne. Dans le document, cette promesse de CK Wu, le président de l’AIBA: « Hambourg est prête, l’AIBA est prête, et le monde est prêt. »

Vraiment? Au même moment, un nouveau feuilleton donnait encore plus d’épaisseur au brouillard qui enveloppe depuis plusieurs semaines l’organisation internationale. Dans le premier rôle, son directeur exécutif, le Français William Louis-Marie (photo ci-dessous).

Le comité exécutif intérimaire (IMC), un groupe d’opposants au président CK Wu dirigé par l’Italien Franco Falcinelli, vice-président de l’AIBA et président de l’organisation européenne, a signifié par courrier à William Louis-Marie qu’il était suspendu de ses fonctions, avec effet immédiat. Il l’accuse de défendre par tous les moyens l’homme qui l’a placé à son poste, à savoir le président CK Wu, et de chercher à cacher les malversations et les agissements frauduleux commis par l’équipe en place.

CK Wu n’a pas tardé à répondre, assurant qu’une telle décision était contraire à la loi et qu’elle était, à l’évidence, « une attaque personnelle » contre le Français. William Louis-Marie demeure à son poste.

A moins de deux semaines de l’ouverture des Mondiaux 2017, les deux camps se rendent coup pour coup. Les opposants, une poignée de membres du comité exécutif rangés derrière Franco Falcinelli, ont tenté le mois dernier de prendre le pouvoir par la force. Après avoir voté une motion de défiance à CK Wu lors d’une réunion à Moscou, ils ont fait fermer le siège de l’AIBA, situé à la Maison du sport international à Lausanne. Il a rouvert la semaine suivante.

Depuis, les uns et les autres ont saisi la justice, avec l’espoir de régler le conflit au pas de course. En vain. Le juge suisse saisi de l’affaire a renvoyé les deux camps à leur dispute, refusant de statuer en urgence. Une nouvelle audition est prévue jeudi 17 août. Mais la justice helvétique ne devrait pas statuer avant le mois de septembre.

 

 

Sauf improbable retournement de situation, les championnats du monde masculins vont débuter à Hambourg dans une ambiance plombée par la crise. CK Wu campe sur ses positions, jurant ses grands dieux que la situation de l’AIBA se révèle saine et prometteuse, comme l’atteste un audit indépendant mené par le cabinet KPMG. Un document que le Taïwanais a promis d’envoyer avant la fin de l’année à toutes les fédérations nationales membres de l’organisation.

De son côté, l’opposition multiplie les attaques. Elle accuse notamment CK Wu et son équipe d’avoir détourné la somme de 10 millions de dollars, empruntée par l’AIBA à Benkons MMC, une société basée en Azerbaïdjan. Un emprunt dont la trace a disparu des comptes. Le sport, dans tout ça? Secondaire. Pas sûr que les boxeurs occupent toute l’attention, sur le ring des Mondiaux, à partir du 25 août à la Sporthalle d’Hambourg.