— Publié le 11 août 2017

PyeongChang dans l’étau de la crise nord-coréenne

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A PyeongChang, le compte-à-rebours indique ce vendredi 11 août 182 jours avant la cérémonie d’ouverture des Jeux d’hiver 2018. A ce stade de l’histoire, l’actualité du prochain événement olympique devrait être sportive, voire logistique. Préparation des athlètes, construction des sites… Cette fois, elle est politique. Et elle fait craindre le pire.

A six mois de l’événement, l’escalade verbale entre les Etats-Unis et la Corée du Nord entretient une réelle menace sur les Jeux d’hiver. Le 5 août, Pyongyang a réagi à l’adoption de nouvelles sanctions internationales par les Nations Unies, sous l’impulsion des Etats-Unis, en promettant de faire payer « un millier de fois » aux Américains « le prix de leurs crimes. » Donald TRump a riposté sans tarder, assurant que « la Corée du Nord ferait mieux de ne plus proférer de menaces envers les Etats-Unis. Elles se heurteront à un feu et à une fureur que le monde n’a jamais vus jusqu’à présent. »

Depuis, le régime nord-coréen a annoncé envisager de tirer des missiles balistiques en direction des bases américaines de l’île de Guam, dans le Pacifique.

Au CIO, la situation n’est pas encore jugée critique, au moins officiellement. Mais l’organisation olympique a fait savoir, via l’un de ses porte-paroles, qu’elle suivait de très près l’évolution de la crise. « Nous surveillons de façon très attentive la situation dans la péninsule coréenne et dans la région, indique le CIO. Nous restons informés des derniers développements. Nous continuons à travailler avec le comité d’organisation de ces Jeux de PyeongChang 2018, qui demeurent à ce jour sur les bons rails. »

Même son de cloche côté américain. Le comité national olympique (USOC) surveille lui aussi dans le calme, sans laisser transparaître le plus infime signe d’inquiétude. Scott Blackmun, le directeur exécutif de l’USOC, s’est rendu la semaine passée en Corée du Sud, accompagné de Lisa Baird, la directrice du marketing. Mais Patrick Sandusky, le directeur de la communication, se garde bien d’établir un lien de cause à effet. « Comme pour tous les Jeux, nous travaillons avec le comité d’organisation et avec les agences concernées, dont le Département d’Etat américain, afin de nous assurer que les athlètes et les membres de notre délégation seront en parfaite sécurité. »

A court terme, la menace semble lointaine. Mais que se passerait-il dans l’éventualité d’un conflit ouvert entre les Etats-Unis et la Corée du Nord? Les sites olympiques de PyeongChang sont situés à une soixantaine de kilomètres seulement de la frontière nord-coréenne. Une proximité qui renforce le risque qui pèserait sur les Jeux en cas d’escalade militaire. Selon The Australian, les agences de renseignement et de sécurité américaines auraient revu à la hausse leur dispositif pour les Jeux de PyeongChang. En dernier recours, le Département d’Etat pourrait demander aux athlètes de ne pas se rendre en Corée du Sud.

Au CIO, le discours officiel se veut rassurant. Un calme de façade entretenu par les propos très pacifistes du nouveau gouvernement de Séoul, toujours aussi motivé par la portée politique d’une participation d’athlètes nord-coréens aux prochains Jeux d’hiver. Mais le CIO a pris ses précautions. Une assurance a été souscrite pour couvrir le manque à gagner de l’annulation pure et simple d’une édition des Jeux. Elle prévoit un dédommagement de 250 millions de dollars. Très correct mais insuffisant. Le reste serait à piocher dans le trésor de guerre de la Fondation olympique, estimé à plus de 800 millions de dollars.

Une chose est sûre: la belle idée d’une équipe commune des deux Corée aux Jeux d’hiver est définitivement enterrée. Tout comme le scénario, brandi ces dernières semaines par le gouvernement de Séoul, de délocaliser chez le voisin nord-coréen une ou plusieurs épreuves des Jeux.