— Publié le 6 juin 2017

A Tokyo 2020, le Japon rêve de voler vers le futur

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Le Japon en a-t-il enfin terminé des polémiques olympiques? La question du financement des sites semble en bonne voie de règlement. L’inflation des coûts n’inquiète plus grand-monde. Le club de golf au règlement misogyne a fait amende honorable. Le calme est revenu. Il était temps.

Après la tempête et les affaires, le temps des projets. A un peu plus de 3 ans de l’événement, le Japon veut se concentrer sur l’un des objectifs majeurs des Jeux de Tokyo 2020: préparer l’avenir, s’offrir un grand bond en avant vers le futur du pays, de sa capitale et de sa société. En un mot, l’héritage. Mais ce concept très marqué Agenda 2020 prend, dans son expression japonaise, une dimension unique. La preuve avec les trois dossiers les plus chauds du moment.

  • Une voiture volante pour allumer la flamme. Le projet peut sembler fou. Au Japon, il est pourtant pris très au sérieux. Un groupe de jeunes ingénieurs planche actuellement sur la création d’un engin à moteur d’allure et de conception futuriste capable de s’extraire à la verticale de la circulation routière et de voyager dans les airs. Regroupés sous le nom de code de « Cart!vator », ces Géo Trouvetou ont annoncé avoir obtenu un soutien de 42,5 millions de yens (environ 345.000 euros) sur les trois prochaines années de la part de 15 compagnies du groupe Toyota, dont le constructeur lui-même. « Nous prévoyons d’achever un prototype d’ici l’année 2018», assure Tsubasa Nakamura, le responsable technique de Cart!vator. Baptisé « Skydrive », le modèle pourra voler à 100 km/heure à une altitude de 10 mètres, ou rouler sur trois roues à 150 km/h, avec à son bord un unique conducteur-pilote. Objectif annoncé: être prêt pour les Jeux de Tokyo 2020. La voiture volante pourrait alors servir à allumer la flamme le soir de la cérémonie d’ouverture.

  • Un plan olympique pour réduire le gaspillage. Moins spectaculaire, mais nettement plus Agenda 2020: les organisateurs japonais ont décidé de prendre à bras le corps le dossier complexe des excédents alimentaires. Pas simple. Aux Jeux de Londres, par exemple, près de 2.500 tonnes de nourriture ont été perdues pendant les Jeux olympiques et paralympiques. Au village des athlètes, où 2 millions de repas seront servis pendant les Jeux de 2020, éviter le gaspillage se révèle un épineux casse-tête, avec l’obligation de pouvoir servir 24 h sur 24 des compétiteurs venus de plus de 200 pays. A Tokyo, le dossier a été confié à un groupe de travail. Il est accompagné dans sa démarche par divers experts, venus notamment d’organisations non gouvernementales. Parmi les premières idées à l’étude: marquer systématiquement tous les produits alimentaires d’un code électronique, afin de mieux gérer les stocks en temps réel; travailler en étroite collaboration avec les banques alimentaires, pour faire profiter aux plus démunis des excédents de repas proposés sur les sites olympiques; enfin, prévoir de recycler la nourriture non consommée en engrais ou fourrage pour le secteur agricole.

  • La féminisation du sport japonais, de la base au sommet. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: selon une étude menée au cours de l’automne dernier par la Fondation Sasakawa Sports auprès de plus de 60 organisations sportives au Japon, seulement 11% des postes à responsabilité sont occupés par des femmes. L’enquête révèle que, pour 1.144 hommes actuellement en fonction au plus haut niveau de la hiérarchie (président, vice-président, directeur exécutif…), elles sont 142 femmes à tenir les cordons du pouvoir. Au Japon, la situation est jugée préoccupante. Le pays a signé en avril dernier la Déclaration de Brighton et d’Helsinki sur les Femmes et le Sport, un document appelant à une plus grande parité dans les organisations sportives. Dans la perspective des Jeux de Tokyo 2020, féminiser les institutions a été élevé au rang de priorité. Première action: favoriser l’entrée d’au moins une dirigeante dans les organisations, notamment les fédérations nationales, où les hommes occupent la totalité des sièges. Au dernier recensement, elles seraient encore au nombre de 11.