Candidatures

Les Jeux ne sont pas encore faits, le CIO devra voter

— Publié le 2 juin 2017

Avec seulement deux candidats en lice, et la perspective d’un double vote à l’issue déjà connue, la course aux Jeux de 2024 s’annonçait un rien ennuyeuse. Osons même dire soporifique. Bonne nouvelle: il n’en est rien. A chaque journée, son épisode. Passionnant, en réalité.

En début de semaine, le Wall Street Journal a révélé, citant des sources « proches du dossier », que le CIO était proche d’un accord avec Los Angeles, un « deal » préparé en coulisses qui attribuerait à la ville californienne les Jeux en 2028, Paris héritant de l’édition 2024. Les Jeux seraient donc faits.

Le lendemain, le maire de Los Angeles, Eric Garcetti, a donné du poids à l’information du quotidien économique américain. Interrogé en conférence de presse, l’élu démocrate a confié que le CIO avait effectivement entamé des discussions avec les deux villes candidates afin de savoir ce qu’il faudrait pour déterminer laquelle aurait les Jeux en premier et laquelle lui succéderait quatre ans plus tard. Surtout, Eric Garcetti a expliqué: « Mon rêve n’est pas tellement d’amener les Jeux ici, mais d’apporter gratuitement le sport pour les jeunes dans tous les quartiers de la ville. »

L’aveu du maire de Los Angeles laisse entendre que les Américains ne seraient pas hostiles à passer en second. Il accrédite la thèse suggérée par le Wall Street Journal d’une compensation financière demandée, et obtenue, par l’équipe californienne dans ses discussions avec le CIO. L’organisation olympique augmenterait sa part dans le budget des Jeux en 2028 (la somme de 2 milliards de dollars revient souvent dans les conversations en coulisses). Elle participerait également au financement de programmes de sport pour les jeunes en Californie du Sud. Les Jeux seraient donc vraiment faits.

Pas si vite, a tempéré Thomas Bach, jeudi 1er juin, lors d’une visite de courtoisie, présumée anodine, aux championnats du Monde de tennis de table à Düsseldorf (photo ci-dessus). Après avoir dîné la veille au soir avec son compatriote Thomas Weikert, fraîchement réélu à la présidence de l’ITTF, le dirigeant allemand a choisi une autre sorte de table pour taper quelques balles, en chemise et cravate, avec des jeunes pongistes de l’élite mondiale. Une partie de ping forcément perturbée par les questions des médias sur la réalité d’un accord déjà conclu pour 2024 et 2028.

Réponse catégorique de Thomas Bach: rien n’est fait. Après avoir assuré qu’il n’était pas au courant des derniers propos tenus par Eric Garcetti, le président du CIO a expliqué: « Nous aborderons cette question (le double vote), tout d’abord, avec la commission exécutive. Puis, si nous en arrivons à la conclusion qu’une double attribution devrait être prise en considération, alors nous discuterons avec les membres du CIO. » Thomas Bach est formel: rien ne sera décidé, ni même discuté, avant la prochaine réunion de la commission exécutive, vendredi 9 juin. Une réunion au cours de laquelle les quatre vice-présidents de l’organisation doivent présenter les résultats de leur analyse du scénario d’un double vote le 13 septembre à Lima, lors de la prochaine session du CIO.

Thomas Bach l’a juré sur la Bible, jeudi à Düsseldorf: les membres du CIO voteront. « Il doit y avoir un vote, a-t-il assuré. Dans tous les scénarios possibles, il doit y avoir un vote des membres du CIO. » Reste à savoir lequel. Rien ne semble encore décidé de façon définitive, mais l’option la plus crédible consisterait à demander aux votants, le 13 septembre prochain, de se prononcer pour ou contre une double attribution déjà écrite. Ils auraient alors seulement à valider un scénario préparé à l’avance.

En attendant, l’équipe de Paris 2024 poursuit sa route vers Lausanne, prochaine étape de la course, les 11 et 12 juillet, puis vers Lima, sans modifier son cap d’un millimètre. Elle insiste sur les atouts d’un dossier conçu et bâti pour les Jeux en 2024, seulement en 2024: les Jeux du centenaire; une quatrième candidature en moins de 25 ans; un élan de soutien inédit en France qui ne peut être stoppé; un projet durable, sociétal et sans risque; le meilleur système de transport public… Les Jeux ne sont pas faits, vraiment?