Candidatures

« Je veux être évalué sur des actions concrètes »

— Publié le 8 mai 2017

Les étapes s’accélèrent pour l’équipe de Paris 2024. L’élection présidentielle française est derrière elle, mais la visite de la commission d’évaluation du CIO (14 au 16 mai) se profile dès la fin de la semaine. Dans l’intervalle, le CNOSF doit choisir son président, jeudi 11 mai, entre Denis Masseglia, Isabelle Lamour et David Douillet. Pas le temps de souffler. Mais Tony Estanguet, le co-président du comité de candidature, a trouvé celui d’évoquer pour FrancsJeux trois des dossiers les plus chauds de ces derniers mois de campagne. Et répondre à leurs interrogations.

Le possible double vote 2024-2028, une nouvelle inconnue dans l’équation de la candidature?

Tony Estanguet: Notre cible reste le CIO. Nous voulons répondre à ses attentes. J’en suis moi-même l’un des membres, je comprends donc très bien la situation. Son intérêt reste de trouver une solution, avec ces deux belles villes candidates, en contentant tout le monde. Sur le fond, je suis favorable au double vote. Mais nous avons nous aussi nos contraintes. Tout notre projet a été conçu pour l’échéance des Jeux en 2024. Il serait très difficile, voire impossible, de l’envisager pour 2028. Nous sommes ouverts, nous discutons avec le CIO, nous sommes prêts à être des facilitateurs, mais notre projet n’est pas faisable pour 2028. Depuis la mise à jour de cette éventualité d’un double vote, notre stratégie n’a pas changé. Et elle ne changera pas. Nous voulons convaincre et montrer pourquoi nous y croyons. Le scénario d’un possible double vote n’était pas prévu, mais il n’a fait évoluer ni notre projet ni notre stratégie. Même si, in fine, notre volonté est d’aider le CIO à trouver une solution.

Les élections présidentielles, un impact sur la candidature?

Nous avions pris en compte les échéances politiques dès le début de la candidature. Avoir un leadership sportif aide à passer les différentes élections, régionales d’abord, puis présidentielles. Nous avons continué notre route sans nous immiscer dans la campagne présidentielle. L’enjeu était de montrer que notre projet n’est pas politique, mais qu’il a du sens pour la société. Un projet pour le sport et pour la société française. Nous avons développé des outils, dont les applications, pour engager les Français derrière cette candidature. Je veux que nous puissions montrer, d’ici le mois de septembre, que nous avons déjà mis en place des réalisations concrètes. J’en ai besoin à titre personnel. Cela me donne de la sérénité et de la force dans mes propos et mes interventions auprès des membres du CIO. Je ne peux pas me contenter de promesses. Je veux être évalué sur des choses concrètes, des choses qui marchent, des programmes qui ont été testés et seront renforcés pendant 7 ans si nous sommes choisis.

Face à Los Angeles, comment « vendre » le projet et la vision de Paris 2024?

Il s’agit d’un défi, c’est certain. Mais il faut rester authentique. Je fonctionne ainsi, depuis toujours, cela m’a souvent réussi. Avec Bernard Lapasset, nous voulons rester ce que l’on est. Nous n’allons pas devenir des vendeurs. Nous ne le voulons pas. Nous préférons rester crédibles et légitimes, pour répondre aux attentes de la famille olympique, des membres du CIO et des fédérations internationales. J’ai des retours positifs sur notre approche: notre style est apprécié. Il garde une touche française, sans qu’on sente une présence des équipes de consultants. Les présentations sont importantes, surtout la dernière, mais elles représentent seulement une petite partie des moyens de convaincre. Je crois plus aux moments d’échanges. Aujourd’hui, nous sommes là où nous voulons être. Depuis deux ans, nous avançons progressivement mais sereinement. Nous dégageons de la stabilité et de la confiance. Nous n’avons peut-être pas fait de coup médiatique ou de déclarations chocs, mais nous avons un projet sportif incroyable et qui a du sens. Il peut embarquer la famille olympique sur une nouvelle approche de l’héritage, un héritage des Jeux qui aura commencé dès le jour du vote. La semaine olympique dans les écoles, avec plus d’un million d’enfants touchés, on ne pourra pas nous l’enlever. Une candidature doit aussi servir à cela. »