Candidatures

Etats-Unis, Canada, Mexique: un ticket déjà gagnant

— Publié le 11 avril 2017

La messe est-elle déjà déjà dite? Peut-être. Sans doute. Sûrement. En annonçant officiellement leur candidature commune à la Coupe du Monde de football en 2026, lundi 10 avril, les Etats-Unis, le Canada et le Mexique ont probablement tué la course bien avant le signal du départ. L’initiative des trois pays voisins, tous membres de la CONCACAF, semble assez solide, inédite et opportune pour étouffer dans l’œuf la concurrence. Selon la procédure de la FIFA, le choix ne sera pas fait avant le mois de mai 2020. Mais il s’affiche depuis hier comme un gagnant probable, voire certain.

Tout désigne en effet les trois pays pour organiser la première Coupe du Monde de l’histoire à 48 pays. La logique géopolitique, pour commencer. Après l’Amérique du Sud (Brésil 2014), l’Europe (Russie 2018), puis l’Asie (Qatar 2022), le choix d’un Mondial dans la zone CONCACAF s’impose comme naturel. La FIFA a d’ailleurs déjà avancé que l’édition 2026 ne pourrait se jouer ni en Europe ni en Asie. La seule autre option pourrait être africaine. Mais l’expérience de la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud, conjuguée au retrait récent de Durban de l’organisation des Jeux du Commonwealth en 2022, laissent peu de chances à un pays du continent. Le Maroc ne cache pas ses ambitions. Mais son dossier ne pèserait pas très lourd face au trio Etats-Unis-Canada-Mexique.

L’autre argument est politique. En attribuant l’événement aux trois pays, malgré les fortes tensions apparues depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, la FIFA enverrait un signal fort. Le nouveau président américain veut élever un mur avec le Mexique pour lutter contre l’immigration clandestine et le trafic de drogues. Il est perçu comme le diable par Justin Trudeau, le Premier ministre canadien. Soit. Mais le football est plus fort, martèlerait une organisation commune des trois voisins. Assez fort pour dépasser ces clivages. En ces temps difficiles pour l’image du football, la FIFA et son président, Gianni Infantino, auraient tort de se priver d’une telle aubaine.

Les porteurs du projet ne s’y trompent pas. « C’est un jour important pour le football aux Etats-Unis et en Amérique, nous pensons que c’est la bonne décision pour notre région et pour notre sport », a suggéré Sunil Gulati, le président de la Fédération américaine, lundi 10 avril à New York pendant la conférence de presse d’annonce de la candidature. Une conférence où l’Américain était accompagné de ses deux homologues, le Canadien Victor Montagliani et le Mexicain Decio de Maria (photo ci-dessus).

L’Américain insiste: « Avoir trois pays en lice rend notre candidature plus forte. A nous trois, nous avons une cinquantaine de stades qui répondent aux critères de la FIFA, nous possédons les infrastructures hôtelières. Cette candidature constitue un symbole d’unité largement positif dans le monde dans lequel nous vivons. » Tout est dit. A l’inévitable question sur Donald Trump, Sunil Gulati a répondu lundi sans laisser planer le doute: « Le président Trump nous a fait part de son soutien total, il est particulièrement heureux que le Mexique participe à cette candidature avec nous. » On croit rêver.

Dans le détail, le projet des trois voisins penche très nettement d’un seul côté. Sur les 80 rencontres au programme, les Etats-Unis en accueilleraient 60. Le Canada et le Mexique en recevraient chacun une petite dizaine. A partir des quarts-de-finale, tous les matches du Mondial 2026 seraient disputés aux Etats-Unis. Un rien déséquilibré, mais somme toute logique.

A neuf ans de l’événement et un peu plus de trois ans du vote, les voyagistes peuvent déjà organiser leur dispositif. Le Mondial 2026 sera américain. Reste maintenant à savoir s’il sera précédé, ou suivi, par les Jeux olympiques à Los Angeles.