Candidatures

Deuxième grand oral, même effet de contraste

— Publié le 4 avril 2017

Deuxième grand oral pour les villes candidates aux Jeux de 2024, mardi 4 avril, au Scandinavian Congress Center d’Aarhus, au Danemark. Six mois après leur premier exercice à Doha, en novembre dernier, les équipes de Los Angeles et Paris étaient invitées à présenter leur vision et leur projet devant les Fédérations internationales, au deuxième jour de la Convention SportAccord 2017. Une présentation de 10 minutes, suivie de 5 minutes de questions et réponses. Compte-rendu comparatif.

Los Angeles 2024

Les intervenants. Ils sont quatre. Vedette attendue, le maire Eric Garcetti s’exprime le premier. Très à l’aise, séduisant et charismatique. L’atout numéro 1 de la candidature américaine. Il développe la vision du dossier californien, met en avant le soutien populaire (88%), insiste sur la créativité et les idées nouvelles du projet de Los Angeles. Eric Garcetti s’offre une attaque indirecte contre le dossier parisien, suggérant que Los Angeles n’est pas tournée vers les 100 dernières années, en référence à l’ambition française d’une célébration du centenaire des Jeux de 1924, mais vers les 100 prochaines. Il s’en défendra plus tard, à sa sortie de la salle, assurant n’avoir pas cherché à viser la candidature parisienne. Gene Sykes, le directeur général de LA 2024, lui succède. Il évoque un projet sans risque. Il rappelle que le dossier américain ne prévoit pas de construire un village des athlètes, mais d’utiliser pour cela le campus d’UCLA. Angela Ruggiero, l’une des membres américaines du CIO, prend ensuite place à la tribune. Casey Wasserman, le président de LA 2024, boucle la présentation.

Le message.  L’équipe américaine ne dévie pas de sa ligne de conduite. Au contraire, elle enfonce encore le clou d’un projet qui aurait le mérite, à ses yeux, de connecter la jeunesse avec le mouvement olympique. Refrain connu. Eric Garcetti s’adresse directement aux fédérations internationales en leur promettant de les aider à profiter commercialement, avant et pendant les Jeux, d’un marché du sport estimé à 250 millions de dollars en Californie du Sud. Angela Ruggiero annonce qu’un budget serait prévu, en cas de victoire, pour les visites des fédérations internationales au cours des 7 années à venir. Elle dévoile également la création d’un programme dédié au développement commercial de toutes les disciplines sportives.

L’impression. Les Américains savent se vendre. Ils l’ont encore prouvé à Aarhus. Leur présentation est efficace, soignée et percutante. Détail: les intervenants s’expriment tous en anglais, mais les messages clés sont rédigés en anglais et français sur les panneaux d’illustration. Casey Wasserman ne s’est pas interdit d’évoquer devant l’assemblée « l’éléphant » de la question du double vote 2024-2028. Eric Garcetti a su faire rire l’assistance, à deux reprises, notamment en terminant sa prestation en enfilant une paire de lunettes snapchat.

 

Paris 2024

Les intervenants. L’équipe parisienne a fait le choix d’un trio: Tony Estanguet, le co-président de la candidature, Anne Hidalgo, la maire de Paris, Etienne Thobois, le directeur général. A la différence des Américains, passés avant eux, ils ne se succèdent pas à la tribune, mais y campent tous les trois ensemble. Une volonté, sans doute, de donner l’image d’une équipe soudée et unie, sans expression de hiérarchie. Le discours est majoritairement délivré en anglais, mais Anne Hidalgo s’autorise parfois le français. Tony Estanguet ouvre l’exercice avec, en illustration de ses propos, sur les écrans géants, des photos de l’équipe de candidature. « Une équipe dans laquelle vous pouvez avoir confiance », suggère-t-il.

Le message. A la différence des Américains, très attachés à parler business et « entertainment », Tony Estanguet, Anne Hidalgo et Etienne Thobois insistent sur les atouts du projet parisien: l’héritage, les transports, le développement durable, la qualité des sites, la célébration de l’olympisme et de ses valeurs. Le co-président de la candidature fait la promesse d’un « succès garanti » des Jeux en 2024. Anne Hidalgo répète que Paris, première destination touristique au monde, donnerait « toute leur force aux Jeux. » Tony Estanguet martèle, mais sans évoquer l’option 2028, que la capitale française « est la ville qu’il faut » au CIO pour les Jeux en 2024.

L’impression. Six mois après son premier grand oral à Doha, l’équipe de Paris 2024 reste elle aussi campée sur son propre terrain. « Sens et passion », avait-elle promis au Qatar, en novembre dernier, devant les comités nationaux olympiques. Face aux fédérations internationales, elle conserve la même image de sérieux, convaincue de posséder dans son épais dossier tous les arguments pour décrocher le pompon. « Un projet exceptionnel porté par une équipe compétente », répète Tony Estanguet devant la presse, sitôt la présentation bouclée. Elle privilégie les valeurs et l’héritage. Une autre approche.