Candidatures

Pour les Jeux, les récidivistes payeront moins cher

— Publié le 6 mars 2017

Allez comprendre. Secoué comme un roseau dans la tempête par les défections à la chaîne des villes candidates aux Jeux, le CIO ne semble plus très bien savoir où et comment poser ses pas. Montré du doigt pour les soupçons de corruption de certains de ses membres, il peine à trouver une issue à la crise. Pour preuve les récentes positions prises par son président, l’Allemand Thomas Bach.

En fin d’année passée, l’ex escrimeur avait suggéré l’idée d’attribuer lors de la prochaine session de l’organisation olympique, le 13 septembre 2017 à Lima, les Jeux de 2024 et ceux de 2028. Deux pour le prix d’un. Une façon simple, selon lui, de faire plus de gagnants et moins de perdants. Depuis, nombreux ont été les membres de la commission exécutive à se déclarer hostiles à un tel scénario. Mais l’idée continue à faire son chemin.

Thomas Bach ne l’a pas officiellement écartée. Mais le président du CIO a évoqué au cours du dernier week-end, dans une interview au magazine allemand Suttgarter Nachrichten, une option peu compatible avec un double vote. S’exprimant sur le nombre de plus en plus réduit de candidatures olympiques, Thomas Bach a détaillé une réforme qui pourrait à ses yeux enrayer la tendance. Il a suggéré que les villes souhaitant se porter une nouvelle fois candidate aux Jeux, après un échec, puissent bénéficier d’une ristourne sur les frais de candidature.

« Nous ne pouvons pas demander à des villes qui décideraient de se représenter une nouvelle fois de recommencer le processus à partir de zéro, a expliqué le président du CIO. Nous devons diminuer les coûts escomptés. » Comment? Combien? Mystère. Mais les propos de Thomas Bach peuvent facilement être interprétés comme l’abandon définitif de l’idée d’un double vote à la session de Lima en septembre prochain. A quoi servirait-il, en effet, de suggérer une réduction des frais d’inscription pour les récidivistes si la prochaine course aux Jeux d’été débute en septembre 2023, sans le moindre récidiviste sur la ligne de départ?

Pour rappel, les villes candidates aux Jeux doivent s’acquitter auprès du CIO de la somme de 250.000 dollars pour participer à la compétition. Un chèque initial de 50.000 dollars à présenter en même temps que le dépôt du premier dossier, puis deux autres de 100.000 dollars chacun à glisser avec les deux dossiers suivants. Une somme rondelette, certes, mais finalement peu décisive dans un budget de campagne souvent estimé à 50 ou 60 millions de dollars.

Autre idée brandie par Thomas Bach dans son entretien au magazine allemand: alléger le processus de candidature en réduisant la coûteuse et fastidieuse opération de validation des sites de compétition. « A partir de la course aux Jeux d’hiver 2026, nous allons décider qu’un site ayant déjà accueilli un championnat du Monde ou une Coupe du Monde sera déclaré éligible » pour les Jeux olympiques, a précisé Thomas Bach. Les équipes de candidature n’auront plus à présenter la totalité de leur dispositif aux fédérations internationales concernées avec l’espoir d’obtenir leur feu vert.

Le président du CIO n’en fait pas mystère: ses réflexions sur le processus de candidature visent surtout l’Europe, où le projet d’accueillir les Jeux se heurte de plus en plus à l’hostilité des populations et des forces politiques. « L’Europe est le continent de base du mouvement olympique, il ne serait pas sage de l’ignorer », a reconnu Thomas Bach. Le président du CIO insiste: « Dans le passé, Paris et Buenos Aires se sont portées plusieurs fois candidates aux Jeux. Aujourd’hui, ça ne serait plus possible. En cas d’échec, les villes disent adieu à une nouvelle candidature. »

Reste à savoir si une ristourne sur les coûts d’inscription leur donner envie de tenter à nouveau l’aventure.