Candidatures

« Nous parlerons à Donald Trump le moment venu »

— Publié le 23 novembre 2016

Une étape a été franchie pour la candidature de Los Angeles aux Jeux de 2024. Une double étape. La première a semblé jusqu’au dernier jour improbable: une victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines. Tout sauf une bonne nouvelle pour l’équipe californienne, résolument démocrate et ouvertement plus proche d’Hillary Clinton. La deuxième étape, plus attendue, a eu pour décor le Sheraton de Doha et pour cadre l’assemblée générale de l’association des comités nationaux olympiques (ACNO). Mardi 15 novembre, La candidature de Los Angeles y a présenté, en 20 minutes, sa vision et son dossier pour les Jeux de 2024. Un exercice également proposé aux deux autres villes en course, Budapest et Paris, selon les mêmes règles et un format identique.

A 10 mois du vote du CIO pour la ville-hôte des Jeux, cette double étape n’apparaît pas encore décisive, mais elle pourrait compter au moment scrutin. Angela Ruggiero (photo ci-dessus), la directrice de la stratégie de Los Angeles 2024, par ailleurs membre du CIO, en a expliqué à FrancsJeux les perspectives et les enjeux. Un entretien en deux parties.

FrancsJeux: Commençons par la question qui fâche: quel peut-être l’effet Donald Trump sur la candidature de Los Angeles?

Angela Ruggiero: Nous savions avant l’élection que nous aurions besoin du soutien du nouveau président, que ce soit Hillary Clinton ou Donald Trump. L’élection a toujours été dans notre angle de vue. Donald Trump est évidemment très occupé en ce moment, il forme son équipe, mais nous aurons besoin d’entrer en contact avec lui rapidement, car nous avons besoin du soutien du gouvernement fédéral, notamment pour les questions de sécurité. C’est une évidence. Mais, comme vous le savez, notre candidature est financée par des fonds privés, et elle est soutenue par la ville de Los Angeles et l’état de Californie. Beaucoup d’opinions différentes s’expriment actuellement aux Etats-Unis, comme dans le mouvement olympique et le reste du monde. Mais j’ai la conviction que les Jeux à Los Angeles peuvent rassembler les gens de toutes les origines et de toutes les religions autour des valeurs olympiques.

Que savez-vous de ce que pense Donald Trump des Jeux et de la candidature de LA 2024?

Il est trop tôt pour répondre. Il est en train de constituer son équipe. Mais je sais, pour l’avoir côtoyé il y a une dizaine d’années, qu’il est un grand amateur de sport et des Jeux olympiques. Il a porté la flamme avant les Jeux d’Athènes. A 10 mois du vote, nous avons le temps devant nous pour évoquer ces questions. Aujourd’hui, nous préférons nous concentrer sur les dossiers pour lesquels nous avons toute la maîtrise et le contrôle. Quand le moment sera venu de le faire, nous discuterons avec le nouveau président des Etats-Unis pour obtenir son soutien.

L’élection de Donald Trump va-t-elle changer votre stratégie au cours des prochains mois? Il a été dit que vous pourriez, en cas de victoire de Donald Trump, prendre vos distances avec Washington et vous présenter comme une candidature plus californienne…

Nous sommes une candidature californienne. Depuis le début. Nous bénéficions d’un soutien total du maire de Los Angeles, Eric Garcetti, dont la première action après son élection a été de se rapprocher du comité olympique américain pour manifester son souhait que les Jeux reviennent à L.A. Nous avons aussi le soutien du gouverneur de la Californie, un état dont l’économie est la 6ème la plus puissante au monde. Nous aurons besoin du soutien de Donald Trump, nous en discuterons avec lui lorsque le moment sera venu. Mais son élection ne changera pas notre stratégie. Nous savions, depuis le début, que l’élection américaine apparaîtrait à l’horizon et qu’il fallait l’intégrer à notre trajectoire.

Vous êtes la directrice de la stratégie de la candidature de Los Angeles. Au cours des 10 prochains mois, votre approche de la campagne sera-t-elle plus nationale ou plus internationale?

Nous allons mener les deux en parallèle. Nous avons besoin d’un soutien de l’ensemble du pays, pas seulement de la Californie. A Los Angeles, 88% de la population se déclare favorable aux Jeux. Mais nous allons continuer à travailler sur le plan national pour faire de notre candidature celle de tout le pays. En même temps, nous voulons convaincre les membres du CIO, donc les votants, et l’ensemble du mouvement olympique, de notre vision: des Jeux nouveaux pour une nouvelle époque. La présentation faite à Doha devant l’ACNO nous a permis de montrer cette vision dans sa globalité. Nous avons pu présenter une réalité, les gens savent maintenant de quoi nous parlons.

A suivre…