— Publié le 17 novembre 2016

Pour Tokyo 2020, l’aviron reprend espoir

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Fin du feuilleton? Peut-être. Sans doute. Menacé d’être délocalisé à plus de 400 km au nord de Tokyo, dans la préfecture de Miyagi, le site d’aviron des Jeux d’été en 2020 devrait finalement être construit selon le projet initial. A  Sea Forrest, dans la baie de Tokyo, non loin du village des athlètes. La décision n’est pas encore officielle, mais elle devrait l’être dans les prochaines semaines. Jean-Christophe Rolland, le président de la Fédération internationale d’aviron (FISA), l’a expliqué à FrancsJeux.

FrancsJeux: La construction du futur site d’aviron et canoë-kayak course en ligne des Jeux de 2020 fait l’objet d’une polémique. Où en est-on réellement aujourd’hui?

Jean-Christophe Rolland: Un groupe de travail a été constitué à la demande de la nouvelle gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, pour étudier les coûts des Jeux. Il a rédigé une recommandation, mais sans avoir consulté toutes les parties prenantes, dont la FISA. Cela nous a amené à questionner les Japonais. Depuis, à la demande du président Thomas Bach, un autre groupe de travail quadripartite a analysé en profondeur les 3 options possibles pour le site d’aviron: le projet initial à Sea Forrest, un projet sur le même emplacement mais avec des constructions en partie temporaires, et enfin cette fameuse option, recommandée par le rapport des Japonais, d’aller à Naganuma, dans la préfecture de Miyagi, à 400 km au nord de Tokyo. Cette région a été fortement affectée par le tremblement de terre de 2010.

Quelle est actuellement la tendance?

L’aviron devrait se disputer à Tokyo, sur le site de Sea Forrest, proposé dans le dossier de candidature. Le projet initial sera sans doute aménagé, afin de réaliser des économies. Mais il devrait être choisi.

L’option d’un bassin olympique à 400 km au nord de Tokyo est donc définitivement écartée?

Elle n’est pas réaliste. Le bassin de Naganuma, dans la préfecture de Miyagi, coûterait plus cher que le projet de Sea Forrest. Aujourd’hui, il n’y a rien là-bas. Son aménagement pour les Jeux aurait un coût supérieur, sans laisser au Japon le moindre héritage.

Quand peut-on espérer une décision?

Les conclusions du rapport du groupe de travail voulu par Thomas Bach seront remises en fin de semaine à John Coates, le président de la commission de coordination des Jeux de 2020. La décision définitive doit être prise par Thomas Bach et Yuriko Koike fin novembre ou début décembre.

La construction d’un nouveau bassin dans la baie de Tokyo pourrait pourtant atteindre, selon les Japonais, un coût très élevé…

Les chiffres cités depuis ces derniers mois dans la presse japonaise n’ont aucun fondement. On a parlé de 30 milliards de dollars pour les Jeux… Une somme totalement irréaliste.

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Comment vivez-vous cette situation?

Mal. Je la trouve injuste et inconfortable. Tokyo a été élu sur un concept, la compacité des sites, avec un budget maîtrisé. Aujourd’hui, on se retrouve dans une situation où il faudrait tout oublier et nous envoyer à 400 km. Mais qu’avons nous fait, nous? Rien. Nous n’avons pas changé notre cahier des charges. Et pourtant, nous sommes perçus comme les fauteurs de trouble.

Etes-vous aujourd’hui plus impliqué dans le projet et dans l’effort des Japonais de réduire les coûts?

Oui. Nous contribuons énormément à cet effort. Nous avons repris les plans avec eux. Il faut comprendre que l’expertise des sports ne se situe pas dans le comité d’organisation ou au CIO. Elle appartient aux fédérations internationale. A la FISA, nous avons l’experte mondiale des bassins d’aviron, Svetla Otzetova. En une matinée, avec quelques conseils, elle fait gagner des millions d’euros. Elle s’est déjà rendue à Tokyo, elle a contribué à la réduction des coûts. Nous ne sommes pas là pour augmenter les dépenses, nous voulons tout le contraire.

Au final, combien coûtera le bassin d’aviron des Jeux de Tokyo, estimé dans le dossier de candidature à 69 millions de dollars?

Il est difficile d’établir un chiffre définitif à ce stade, mais nos efforts communs, avec les organisateurs, devraient permettre de réduire les coûts de plusieurs dizaines de millions de dollars.

Cette réduction des coûts ne risque-t-elle pas de se faire au détriment de l’héritage?

Non. Le bassin de Sea Forrest laissera un héritage. Il pourra être utilisé longtemps après les Jeux de Tokyo par de nombreux sports.

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