Candidatures

« Les Jeux à Rome changeraient l’image de l’Italie »

— Publié le 12 septembre 2016

L’avenir de la candidature de Rome aux Jeux de 2024 reste flou. Virginia Raggi, la maire de la capitale, a donné rendez-vous au lendemain de la fin des Jeux paralympiques de Rio pour s’exprimer une nouvelle fois sur le sujet. Dans son entourage, le non au projet reste majoritaire, notamment au sein de son parti, le Mouvement 5 Etoiles. De son côté, le Premier ministre, Matteo Renzi, continue à militer pour une poursuite de l’aventure, tout en évoquant déjà la candidature d’une autre ville italienne pour les Jeux de 2028 en cas de retrait des élus romains.

En attendant, l’équipe de Rome 2024 continue à s’activer, comme au premier jour, en tentant de faire abstraction d’une situation politique très incertaine. Fiona May, l’ancienne sauteuse en longueur, directrice des relations avec les athlètes au sein du comité de candidature, n’est pas la moins motivée. Elle l’a expliqué à FrancsJeux.

FrancsJeux: Dans la course aux Jeux de 2024, toutes les candidatures assurent mettre les athlètes au premier plan de leur projet. En quoi l’équipe de Rome se distingue-t-elle sur cette question?

Fiona May: Je ne sais pas ce que font les autres équipes de candidature, mais nous utilisons vraiment, pour Rome 2024, l’expérience des athlètes. J’ai participé moi-même à 5 Jeux olympiques, depuis l’âge de 18 ans. Diana Bianchedi, notre coordinatrice générale, peut en dire autant. Je sais de quoi je parle. Nous sommes très attentifs aux attentes et aux besoins des athlètes, en termes de nourriture, de transport, de logement, de qualité de la literie… Tout ce qui fait le quotidien d’un athlète pendant les Jeux. Tous les sportifs ne vivent pas l’expérience olympique de la même façon. En athlétisme, ils arrivent parfois deux jours avant et repartent le lendemain de leur épreuve. Les nageurs, eux, restent une bonne semaine avant le début et prolongent leur séjour. Nous tenons compte de tout cela dans notre projet.

Comment intégrez-vous la présence des athlètes au sein du comité de candidature?

Nous avons une commission des athlètes. J’en fais partie, tout comme un grand nombre de médaillés olympiques italiens. Beaucoup d’entre eux étaient présents aux Jeux de Rio en qualité d’ambassadeurs. Ils représentent un grand nombre de disciplines: natation, athlétisme, tir, aviron, voile, basket-ball, gymnastique… En ma qualité de directrice des relations avec les athlètes, je fais également partie du comité exécutif de Rome 2024. Nous sommes très à l’écoute de ce que peuvent nous dire ces athlète. Les femmes, notamment. Il se trouvent qu’elles sont plus nombreuses que les hommes parmi les médaillés à Rio 2016. Certaines d’entre elles sont mères de famille. Avec Giovanni Malago, le président du CONI, nous réfléchissons par exemple à la possibilité qu’une athlète mère de famille puisse être accompagnée de ses enfants aux Jeux sans avoir à payer pour leur voyage et leur présence.

Où en est le projet du village olympique de Rome 2024?

La décision est prise: le village serait installé sur le campus de l’université de Tor Vergata. Nous devrons seulement moderniser les logements et en augmenter le nombre. Mais ces travaux participeront à l’héritage que laisseraient les Jeux pour Rome et pour ses habitants. Nous voulions un village des athlètes qui soit proche des sites de compétition, donc situé à l’intérieur du périphérique. Aux Jeux de Rio, il m’a fallu parfois jusqu’à deux heures pour me rendre au stade.

Après avoir participé à 5 éditions des Jeux, que souhaitez-vous apporter aux JO en 2024 qui aurait pu vous manquer tout au long de votre expérience olympique?

J’aimerais que les Jeux à Rome amènent vers les athlètes et le public toute la richesse de l’histoire et de la culture italiennes. L’Italie ne se résume pas aux pâtes, au vin et à Luciano Pavarotti. Avec les Jeux, nous voulons changer l’image de l’Italie, mélanger le passé et le présent. Ce ne sera pas facile, mais nous sommes très déterminés. Pendant les Jeux, il serait par exemple possible à un athlète ou un spectateur de se rendre à Florence en train en seulement 90 minutes, visiter la ville puis revenir à Rome le jour même. Une telle expérience est rarement possible pendant les Jeux. A Rio, il m’a fallu plus de temps uniquement pour rejoindre le stade.

Les Jeux à Rome en 2024 pourraient changer l’image de l’Italie?

Certainement. Nous aimerions que ces Jeux soient ceux de la prochaine génération. Nos athlètes ambassadeurs sont tous des parents, moi la première. Ces Jeux en 2024, nous les imaginons pour la génération de nos enfants.