— Publié le 16 août 2016

Le labo antidopage de Rio, mieux gardé que Fort Knox

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Il ne s’est pas passé une journée, depuis le début des Jeux de 2016, où le mot dopage n’ait pas alimenté les conversations à Rio de Janeiro. Prévisible. Au 11ème jour de l’événement, lundi 15 août, le CIO a donné au sujet une caution scientifique. Richard Budgett (ci-dessous), son directeur médical, est venu répondre aux questions des médias lors de la conférence de presse quotidienne du CIO et du comité d’organisation. Il a livré quelques chiffres. Surtout, cet ancien champion olympique d’aviron, médaillé d’or aux Jeux de Los Angeles en 1984, a détaillé par le menu les précautions prises par son employeur pour éviter de revivre un nouveau Sotchi 2014, où les échantillons prélevés lors des contrôles avaient été truqués, manipulés et parfois balancés dans les oubliettes avec la bénédiction des autorités russes.

Les chiffres, d’abord. Selon Richard Budgett, 3.188 tests ont été effectués, au soir du dimanche 14 août, aux Jeux de Rio. Dans la liste, 2.701 ont été des prélèvements d’urine. Le boulot n’est pas terminé. Le CIO compte en totaliser plus de 5.000 au moment du baisser de rideau, dimanche 21 août. « Les cinq premiers de chaque épreuve sont ou seront contrôlés », a expliqué Richard Budgett. A ce jour, ce déploiement de forces n’a pas fait tomber grand-monde. Seulement trois cas positifs ont déjà été recensés. Ils concernent un haltérophile polonais (Tomasz Zielinski), une Bulgare spécialiste du 3.000 m steeple (Silvia Danekova), une nageuse chinoise (Chen Xinyi).

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La sécurité, maintenant. Édifiante. Richard Budgett suggère: « Nous avons été choqués par ce qui s’est passé à Sotchi. Bien évidemment, nous aurions pu faire mieux, mais nous en avons tiré beaucoup de leçons. A Rio, la qualité des contrôles est supérieure à tout ce que l’on a connu auparavant. »

Les faits lui donnent raison. Le CIO et l’AMA ont mis en commun leurs moyens pour transformer le laboratoire antidopage de Rio de Janeiro en une version olympique de Fort Knox. « Il est très bien surveillé », assure Richard Budgett. A l’évidence, le mot est faible.

Depuis le début des Jeux, le labo en question est gardé en permanence par des agents de sécurité et des forces de police. Une batterie de caméras est braquée sur toutes les entrées, avec une attention toute particulière pour la chambre froide, où sont conservés les échantillons d’urine. Une chambre froide devant laquelle un vigile est posté à toutes les heures du jour et de la nuit. Un imposant bataillon d’experts internationaux est missionné pour superviser le travail des laborantins. Les techniciens ne peuvent pas entrer à plus de deux à la fois dans la chambre froide.

Autre précaution: un processus d’analyse plus rapide que jamais. Les échantillons sont transportés immédiatement de la salle de contrôle, sur le site de compétition, vers le laboratoire. Leur analyse est réalisée sans délai. Une procédure censée limiter au maximum les risques de manipulations. En prime, les échantillons sont l’objet d’une analyse médico-légale, elle aussi destinée à repérer toutes traces de manipulation.

Richard Budgett explique: « Les échantillons de Rio vont être conservés pendant dix ans. Un athlète dopé doit avoir peur, même si sa méthode de dopage est indétectable pour le moment. » Après avoir ré-analysé les échantillons des Jeux de Pékin 2008 et Londres 2012, le CIO a récemment révélé une nouvelle liste de 98 athlètes convaincus de dopage.