— Publié le 11 août 2016

Aux Jeux, le golf n’a pas encore fait son trou

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C’est fait. Mais est-ce bien fait? Jeudi 11 août 2016, à Rio de Janeiro, le golf a retrouvé sa place dans l’univers olympique. Un bataillon de 60 joueurs a pris possession du parcours, en début de matinée, pour la première journée du tournoi masculin. Un retour aux Jeux après 112 ans d’absence.

Pour l’anecdote, le premier coup a été frappé par un Brésilien, Adilson da Silva. Son nom restera dans l’Histoire. Son résultat sûrement pas. Après une journée de compétition, jeudi soir, il pointait dans le ventre mou du classement, à la 34ème place.

Moins anecdotique, le classement du jour est dominé par un Australien, Marcus Fraser. Ironie de l’histoire: le leader provisoire n’était pas censé disputer les Jeux de Rio, son classement ne le destinait pas à monter dans l’avion. Mais la cascade de forfaits parmi les meilleurs joueurs du monde, justifiée par une peur commune du virus Zika, lui a offert une place.

Marcus Fraser a rendu une carte de 63, soit 8 coups en dessous du par, pour mener l’allure devant une meute de poursuivants conduite par Graham Delaet, Canada (66), et Henrik Stenson, Suède, le dernier vainqueur du British Open (66). Grégory Bourdy, le premier Français, se classe à la 4ème place (67), avec quatre autres joueurs, dont le Britannique Justin Rose.

Justin Rose, justement, mérite le statut de héros du jour. Au trou n°4, un par 3 de 172 m, le Britannique a réalisé le premier « trou en un » de l’histoire des Jeux olympiques. Très fort.

Voilà pour les faits et les chiffres. Pour le reste, que faut-il retenir de ce retour du golf dans l’univers des Jeux? Difficile de trancher. Sur le papier, le tournoi présente une allure mitigée. Certes, six des 60 joueurs engagés ont remporté dans leur carrière au moins l’un des quatre tournois majeurs du circuit PGA. Pas moins de 34 pays sont représentés dans la compétition. Parmi eux, le Bangladesh. Mais les quatre premiers joueurs au classement mondial ont refusé de faire le voyage vers Rio de Janeiro. Gênant.

Pressé de questions au terme de son parcours, Marcus Fraser s’est employé à donner à la journée le vernis d’une tranche d’histoire. Il a juré ses grands dieux que ce tournoi olympique avait un parfum particulier. « Toutes les semaines, sur le circuit, nous jouons pour nous-mêmes. Là, nous avons d’abord joué pour notre pays, puis seulement après pour nous-mêmes. » Puis l’Australien a assuré que l’ambiance dans les vestiaires ne ressemblait pas à celle habituellement rencontrée sur le circuit mondial. « Tout le monde était très excité d’être là, aux Jeux olympiques, de représenter son pays, a confié Marcus Fraser. On ressentait vraiment quelque chose de spécial. »

Plus tôt dans la semaine, le Britannique Danny Willett avait évacué en une seule phrase le débat sur le niveau de participation pour ce premier tournoi olympique en 112 ans. « Vous n’aurez pas si souvent un groupe de joueurs d’un tel niveau, à moins de payer les gars plusieurs millions de dollars pour se pointer au départ », a suggéré le dernier vainqueur de l’US Open.

Selon les règles du CIO, le golf sera encore présent à coup sûr aux Jeux de Tokyo en 2020. Dans un pays où la petite balle blanche est l’objet d’un véritable culte, le tournoi olympique s’annonce déjà comme un événement dans la capitale japonaise. Pour la suite, rien n’est moins sûr. Mais une partie de l’avenir olympique du golf pourrait bien se jouer en septembre 2017, lorsque le CIO choisira entre Budapest, Los Angeles, Paris et Rome la ville-hôte des Jeux de 2024.