— Publié le 8 août 2016

Pour les Russes, les huées se ramassent à la pelle

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On pouvait s’y attendre. Aux Jeux de Rio, le maillot russe n’est pas le plus tendance de la quinzaine olympique. Le mois dernier, le CIO a choisi de ne pas exclure la Russie des JO de 2016. Sur les 389 athlètes du pays initialement pourvus d’un billet pour le Brésil, seulement 271 ont été finalement invités à monter dans l’avion. Une délégation aux dimensions très respectables. Mais leur quotidien, aux Jeux, s’avère peu confortable.

A la cérémonie d’ouverture, vendredi 5 août, l’entrée dans le stade de la délégation russe, rangée en bon ordre derrière son porte-drapeau, le volleyeur Sergey Tetyukhin, a provoqué dans le public une réaction très mitigée: un mélange d’applaudissements courtois et de sifflets hostiles. Mi-figue mi-raisin. Prévisible.

Depuis, la tendance se renforce. Lundi soir, à la piscine, l’entrée dans le décor des quatre nageurs russes qualifiés pour la finale du 4×100 m a été saluée par des huées. Parmi les quatre finalistes, Vladimir Morozov. Le sprinteur avait été nommé dans le rapport McLaren sur le dopage en Russie, commandé par l’AMA et rendu public le mois dernier. Il aurait dû être exclu des Jeux de Rio, mais son appel devant le TAS lui a été favorable. La FINA a suivi la décision du Tribunal arbitral du sport et l’a autorisé à nager dans le bassin olympique.

Situation encore plus confuse, et réaction au moins aussi hostile, pour Yulia Efimova (notre photo). La brasseuse faisait partie des sept nageurs russes exclus des Jeux à la suite du rapport McLaren. Mais son nom a été réintroduit dans la liste des engagés. A Rio de Janeiro, elle a été copieusement sifflée à l’arrivée de sa série, pourtant victorieuse, du 100 m brasse. A 24 ans, Yulia Efimova a déjà été sanctionnée pour dopage une fois dans sa carrière, écopant d’une suspension de 16 mois. En début d’année, son nom a été cité dans la liste des athlètes soupçonnés de dopage au meldonium.

Pressée de questions par les médias, la nageuse a expliqué être « heureuse d’être là et prête à nager ». Elle a raconté que les 18 derniers mois avaient été pour elle « complètement fous ». Puis elle s’est éclipsée, se refusant à répondre aux nombreuses sollicitations des journalistes.

Lundi matin, la question russe et les sifflets du public ont été évoqués lors de la conférence de presse quotidienne conjointe du CIO et du comité d’organisation des Jeux de Rio. Logique. Mais l’un et l’autre ont prudemment botté en touche.

Mario Andrada, le directeur de la communication de Rio 2016, a suggéré que les huées faisaient « partie intégrante de la culture du football », sport-roi au Brésil. « Mais il nous revient de mieux éduquer le public brésilien, pour l’aider à comprendre », a répondu Mario Andrada.

Même réponse détournée de la part de Mark Adams, le porte-parole du CIO. « Les supporteurs brésiliens me semblent plutôt égalitaires, a-t-il osé. Il me paraissent capables de siffler des athlètes issus de très nombreuses cultures. »

Hués ou pas, les Russes ont plutôt réussi leur entrée dans la compétition aux Jeux de Rio. Même réduite d’un bon tiers, la délégation russe pointait au 6ème rang du classement des médailles, lundi 8 août en fin d’après-midi, avec six places sur le podium. Parmi elles, une médaille d’or, décrochée par le judoka Beslan Mudranov en – 60 kg. Moins bien que prévu, mais plutôt respectable.