— Publié le 13 juin 2016

Le sport français, une présence toujours aussi discrète

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Encore raté. Le mouvement sportif français a échoué une nouvelle fois dans ses efforts de mieux occuper l’échiquier olympique international. Didier Gailhaguet, 62 ans, président de la Fédération française des sports de glace (FFSG), candidat pour la première fois de sa longue carrière de dirigeant à la présidence de l’ISU (International skating union), a été battu vendredi 10 juin à Dubrovnik. Il ne succédera pas à l’Italien Ottavio Cinquanta, l’homme fort du patinage mondial depuis 22 ans. Les membres du Congrès de l’ISU lui ont préféré un Néerlandais, Jan Dijkema (notre photo), 71 ans, déjà très présent dans la maison puisqu’il siégeait à la vice-présidence de l’organisation au titre du patinage de vitesse.

L’élection a duré peu de temps pour Didier Gailhaguet. Au premier tour de scrutin, le Français a obtenu 25 voix, contre 45 à Jan Dijkema, 43 au Hongrois György Sallak et seulement 2 au Britannique Chris Buchanan. Avec un tel écart, la messe était dite. Le Français et le Britannique ont rendu les armes et renoncé à poursuivre la course. Au deuxième tour, Jan Dijkema a devancé György Sallak (63 voix contre 52). Il devient le troisième Néerlandais à diriger l’ISU, après Pim Mulier (1893 à 1895) et Gerrit W. A. van Laer (1937 à 1945). Surtout, Jan Dijkema est depuis vendredi 10 juin le premier dirigeant sportif des Pays-Bas à présider une fédération internationale depuis le départ de sa compatriote Els van Breda Vriesman de la Fédération internationale de hockey sur gazon en 2008.

Pour Didier Gailhaguet, le coup est rude. Le Français avait été le premier à se déclarer. Sa campagne a été longue, patiente et méthodique. A dix jours du vote, il avait expliqué à FrancsJeux avoir visité une soixantaine de pays et couvert 600.000 km. L’ancien patineur devenu entraîneur à succès avait sollicité les services de Vero Communications, l’agence de relations publiques dirigée par l’Anglais Mike Lee, également recrutée par l’équipe de candidature de Paris pour les Jeux de 2024.

L’échec de Didier Gailhaguet en rappelle un autre. Au printemps dernier, le Français Jean Gracia a été battu pour la présidence de l’Association européenne d’athlétisme (AEA). Il a été devancé par le Norvégien Svein Arne Hansen. A l’image de Didier Gailhaguet, Jean Gracia était parti le premier dans la course. Il avait multiplié les voyages et sillonné l’Europe, rendant visite un à un à tous les pays membres de l’AEA. Battu au second tour, le Français occupe aujourd’hui la double fonction de directeur exécutif et secrétaire général par intérim de l’IAAF.

Conséquence pour le sport français: une présence de plus en plus discrète dans le mouvement sportif international. Michel Platini a été mis sur la touche, écarté de son bureau de président de l’UEFA pour au moins 4 ans. Bernard Lapasset, longtemps président de World Rugby (ex IRB), n’a pas sollicité un nouveau mandat, préférant se consacrer à la candidature de Paris pour les Jeux de 2024. Il a laissé sa place à l’Anglais Bill Beaumont. Pierre Durand, l’ancien cavalier, champion olympique de saut d’obstacles en 1988, briguait la présidence de la Fédération équestre internationale (FEI). Il a été battu, à la fin de l’année 2014, par le Belge Ingmar de Vos (98 voix contre 21).

Notable exception: Jean-Christophe Rolland. Le champion olympique du deux sans barreur en 2000 à Sydney a raflé la présidence de la Fédération internationale d’aviron (FISA) en septembre 2013. A son premier essai. Alors qu’il avait face à lui deux solides rivaux, la Canadienne Tricia Smith, future membre du CIO, et l’Australien John Boultbee, l’un des dirigeants les plus expérimentés de l’aviron mondial. Le Français était soutenu par l’ancien président, le Suisse Denis Oswald. Sa victoire a été nette et limpide. Très fort.

Un autre Français, Laurent Petrynka, préside la Fédération internationale du sport scolaire (ISF). Entré au comité exécutif en 2010, il en a été élu à la présidence en juin 2014. A l’unanimité.

Le sport français peut encore espérer voir l’un des siens décrocher la timbale. Georges Guelzec, l’actuel président de l’Union européenne de gymnastique (UEG), brigue la présidence de la Fédération internationale (FIG). L’élection doit se dérouler en octobre 2016 à Tokyo. Face à lui, un seul rival, le Japonais Morinari Watanabe. A suivre.