Candidatures

Soupçons de corruption autour de Tokyo 2020

— Publié le 12 mai 2016

Nouveau coup bas pour les Jeux de Tokyo 2020. Après l’affaire de plagiat du logo, et l’interminable feuilleton de la construction du futur stade olympique, une nouvelle polémique entoure le comité d’organisation japonais. Elle est révélée par la presse britannique, implique un dirigeant sénégalais, concerne la justice française… Et, mauvais présage, ressort du tiroir les soupçons de corruption dans le mouvement olympique international.

Dans un long article publié mercredi 11 mai, le quotidien anglais The Guardian affirme que les magistrats français qui enquêtent depuis plusieurs mois sur Lamine Diack, l’ancien président l’IAAF et membre du CIO entre 1999 et 2013, s’interrogent sur le versement pour le moins suspect d’une somme de 1,48 million de dollars sur un compte établi dans une banque de Singapour. Le compte en question est baptisé « Black Tidings ». Il serait lié au sulfureux Papa Massata Diack, le fils de l’ancien patron de l’athlétisme mondial. Un personnage dont le nom est cité comme un refrain sitôt qu’il est question des agissements les plus douteux de son illustre père.

Selon les enquêteurs français, cette somme pourrait avoir été versée par une structure nippone en échange du soutien de l’influent clan Diack pendant la campagne pour l’attribution des Jeux de 2020. Tokyo était en compétition avec Istanbul et Madrid. La capitale japonaise l’a emporté dans un fauteuil, le jour du vote, en septembre 2013 à Buenos Aires. En mars 2016, la justice française avait confirmé une information selon laquelle son enquête sur Lamine Diack et l’IAAF pourrait révéler des soupçons de corruption dans les campagnes de candidature des Jeux de 2016 et 2020.

Alors président de l’IAAF et membre du CIO, Lamine Diack avait initialement appuyé la candidature d’Istanbul pour les JO 2020. Mais le dirigeant sénégalais, considéré à l’époque des faits comme l’un des personnages les plus influents du sport africain, aurait ensuite changé d’avis au moment où un sponsor japonais signait un gros contrat avec l’IAAF. L’agence Kyodo indique, ce jeudi 12 mai, que cet important contrat avait été négocié avec le groupe Dentsu, le géant japonais de la publicité et du marketing.

Le Guardian a contacté le comité olympique japonais, avant la publication de son article, pour recueillir la réaction de ses officiels. Il lui a été répondu de façon laconique que l’équipe médias était « absente pour la semaine et ne pouvait pas répondre » à ses questions. Etrange. Le comité d’organisation des Jeux de Tokyo 2020 n’a pas été beaucoup plus bavard. Mais il s’est fendu d’un communiqué, où sa porte-parole, Hikariko Ono, assure que le comité d’organisation n’était en aucune manière au courant de telles accusations. « Nous sommes convaincus que Tokyo a remporté les Jeux car la ville présentait le meilleur dossier », insiste la porte-parole.

Même perplexité du côté des autorités politiques du pays. Le secrétaire général du gouvernement japonais, Yoshihide Suga, a tenu ce jeudi 12 mai une conférence de presse. Il a répété, sans grande surprise, ne pas avoir d’informations sur cette affaire. Mais il a assuré que, si la justice française demandait une enquête sur le dossier olympique de Tokyo, le Japon répondrait de la façon qu’il convient. A suivre.