Candidatures

Paris 2024 veut mettre la France au vert

— Publié le 4 mai 2016

L’équipe de candidature de Paris pour les Jeux de 2024 a lu et relu l’Agenda 2020 du CIO. Normal. Le chapitre consacré à l’environnement, notamment, a longuement retenu son attention. A Paris, les JO d’été seraient verts, ou ne seraient pas. Pour preuves le recrutement d’un « responsable du développement durable » au comité de candidature, Jérôme Lachaze, puis plus récemment la signature d’un accord avec la WWF. Un partenariat présenté par l’équipe de Paris 2024 comme « stratégique, » enveloppé de l’ambition commune d’organiser des Jeux à « impact environnemental positif. » Réaliste? Crédible? Les réponses de Jérôme Lachaze.

FrancsJeux: Quelle est la nature du partenariat signé entre Paris 2024 et la WWF?

Jérôme Lachaze: Le rôle de la WWF sera à la fois stratégique et technique. L’organisation va nous accompagner sur les questions environnementales, notamment pour la rédaction du dossier technique à déposer au CIO pour la phase 3 de la candidature, en février 2017. Ils nous apporteront leur expertise technique. Nous voulons aller plus loin que les standards actuels et proposer des Jeux à impact environnemental positif, notamment sur la gestion de l’eau, l’alimentation, la gestion des déchets…

Le rôle de la WWF sera-t-il seulement technique?

Non. Ce partenariat va au-delà. Isabelle Autissier, la présidente du WWF France et scientifique (notre photo, avec Tony Estanguet), présidera notre futur Comité de l’excellence environnementale, qui comptera 24 personnalités qualifiées: scientifiques, représentants d’ONG, athlètes… Sa composition sera prochainement annoncée. Elle se réunira pour la première fois au début du mois de juin, à l’occasion de la Semaine du développement durable. Nous voulons engager le monde du sport et l’ensemble du territoire dans une logique de durabilité. Nous aimerions réinventer les villes grâce aux Jeux.

L’organisation des Jeux à Paris en 2024 imposerait la construction de nouveaux sites. Est-ce vraiment compatible avec une ambition de respect de l’environnement?

A Paris, les Jeux utiliseraient pour l’essentiel des infrastructures existantes ou temporaires. Seule la piscine serait à construire. Mais nous travaillerions avec la WWF et d’autres partenaires pour mettre en place une logique environnementale. Le chauffage, par exemple, serait piloté par un « data center » afin de générer plus d’énergie que ce qui serait consommé. Même logique aux villages des athlètes et des médias. Ces deux constructions seraient de véritables laboratoires d’expérimentation.

Quel héritage les Jeux pourraient-ils laisser à Paris et ses environs en utilisant seulement des sites existants ou temporaires?

Le centre aquatique serait laissé en héritage. Les deux villages également, pour les athlètes et les médias. Le premier laisserait après les Jeux 3500 logements, le second en apporterait 1500. Quant aux équipements temporaires, ils seraient réutilisés ailleurs. Nous voulons nous adapter aux besoins des territoires, non pas le contraire. Mais l’héritage des Jeux ne se réduit plus seulement aux constructions. Anne Hidalgo, la maire de Paris, s’est engagée à rendre la Seine propre à la baignade avant 2024. L’héritage des Jeux consiste également à accélérer toute une dynamique environnementale. En termes d’alimentation, notamment, en privilégiant une nourriture bio qui profiterait aux restaurateurs, aux cantines scolaires.

Comment êtes-vous devenu le « Monsieur développement durable » de la candidature de Paris?

Après des études en école de commerce, j’ai suivi un Master en environnement, puis je suis parti pour un tour du Monde où j’ai rencontré des jeunes de différents pays qui travaillaient sur le développement durable. Par la suite, j’ai rejoint la WWF, avant de collaborer à l’UNICEF, où j’ai participé à des opérations impliquant des athlètes, comme Martin Fourcade, Renaud Lavillenie, Tessa Worley et Céline Dumerc. L’idée était de faire du développement durable un véritable sujet de sport. Les athlètes se révèlent de très bons ambassadeurs pour engager le grand public dans une démarche environnementale.