— Publié le 29 avril 2016

A Rio, la flamme olympique ne verra pas un athlète

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Les temps changent dans le mouvement olympique. Une évolution qui, improbable phénomène, touche même la flamme des Jeux. Le précieux flambeau a été rallumé le 21 avril 2016 à Olympie, à l’occasion d’une scène digne d’un péplum antique. Jusque-là, rien de très nouveau. Mais la suite emprunte une voie moins balisée.

A Athènes, la flamme a traversé un camp de réfugiés. Elle s’est laissé gentiment porter par l’un d’eux, un Syrien, tout surpris d’une telle marque d’attention. Ce vendredi 29 avril, elle a été exposée au Palais des Nations-Unies de Genève. Thomas Bach, le président du CIO, Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations-Unies, et Albert de Monaco, l’ont enveloppée de regards et de mots protecteurs et solennels. Elle doit ensuite s’offrir un court séjour à Lausanne, ville olympique et site des JOJ d’hiver en 2020.

Grèce, Suisse, puis Brésil à partir du 3 mai. Classique et attendu. Carlos Nuzman, membre du CIO et président de Rio 2016, doit l’escorter dans l’avion entre la Suisse et le Brésil. La flamme devrait ensuite être conduite, avec le même goût du cérémonial, vers le palais présidentiel où Dilma Rousseff, probable future ex présidente du Brésil, est censée l’accueillir.

A Rio de Janeiro, une surprise l’attend. Pas forcément très agréable. Tordant sans remords le cou à la tradition olympique, pourtant gravée dans le marbre, les organisateurs brésiliens ont décidé que la flamme des Jeux de 2016 ne brûlerait pas dans un stade. Ben non. Mario Andrada, le porte-parole du comité d’organisation, a confirmé une information entendue depuis plusieurs jours: une fois la cérémonie d’ouverture pliée, la vasque sera déplacée pour être installée en pleine ville. La manœuvre doit se dérouler dans la journée du 6 août 2016.

La raison? Obscure. Eduardo Paes, le maire de Rio de Janeiro, explique vouloir donner à la flamme une dimension plus populaire que jamais. Une volonté qui l’aurait conduit à suggérer aux organisateurs de la faire sortir du stade, où seuls peuvent l’approcher les détenteurs d’un billet. En posant la vasque en ville, les autorités municipales souhaitent la rendre plus accessible au grand public, spectateurs ou non.

Pour Mario Andrada, le porte-parole de Rio 2016, le stade de Maracana aurait ses « limites ». Pas faux. La mythique enceinte sportive a été choisie pour la cérémonie d’ouverture. Mais elle n’accueillera pas les épreuves d’athlétisme, prévues au stade olympique. Entre deux cérémonies, Maracana restera vide. La flamme pourrait s’y sentir bien seule, à brûler pendant plus de deux semaines dans l’indifférence quasi-générale.

Reste une question: le lieu de villégiature de la vasque olympique. Mario Andrada l’a confié à l’agence Associated Press: « La flamme sera installée dans le quartier du port, à proximité immédiate de la Plaza Maua ». Cette zone urbaine a été récemment réaménagée par la ville de Rio avec la volonté de lui donner une nouvelle jeunesse. Eduardo Paes souhaite en faire l’un des poumons de la fête olympique, une sorte de fan-zone avec démonstrations sportives et culturelles, concerts et écrans géants. La flamme y vivrait une expérience olympique inédite. Elle verrait du monde, beaucoup de monde, à défaut de veiller sur les athlètes.

Mais Mario Andrada a précisé à AP: « Elle sera installée près de la Plaza Maua, mais exactement sur la place. » La flamme pourrait en réalité se nicher près d’une église, la Candelaria (notre photo). Peut-être. Pas sûr. Un vrai jeu de pistes.