Candidatures

Los Angeles 2024, l’obsession des coûts

— Publié le 26 janvier 2016

Reconnaissons leur cette qualité: les Américains savent changer d’avis et faire machine arrière. Leur comité national olympique l’a fait l’an passé en remplaçant au pied levé Boston par Los Angeles dans la course aux Jeux de 2024. Les Californiens ont répété la manœuvre, lundi 25 janvier, en annonçant en grandes pompes deux des sites les plus attendus du dispositif de LA 2024: le village des athlètes et celui des médias. L’un et l’autre seraient installés sur des campus universitaires, UCLA pour les athlètes (notre photo), USC pour les médias. Une alternative radicalement différente, mais nettement moins coûteuse, que le projet initial.

Petit retour en arrière. L’été dernier, l’équipe de Los Angeles 2024 sort de son chapeau une carte des sites olympiques où le village des athlètes est fièrement pointé non loin de « downtown », sur un terrain ferroviaire. Tout est à construire, donc. Mais les porteurs du projet, le maire Eric Garcetti en tête, se veulent rassurants. Ils jurent leurs grands dieux que les travaux d’aménagement et de construction ne coûteront pas un dollar aux contribuables. La somme d’un milliard de dollars est avancée. On évoque des investisseurs privés, sans réellement les nommer.

Quelques mois plus tard, une réunion du Conseil municipal de Los Angeles fait voler en éclats le projet. Plusieurs des élus locaux estiment qu’il en coûtera au moins le double pour acquérir le terrain, le rendre viable et monter un à un les bâtiments censés héberger 15 à 17.000 athlètes, entraîneurs et officiels. L’équipe de LA 2024 reprend sa copie. « Nous avons plusieurs alternatives, » plaide-t-elle.

Le résultat a été présenté, lundi 25 janvier, par Eric Garcetti en personne. Le maire de Los Angeles a tenu, sur le campus d’UCLA, une conférence de presse précédée depuis la veille au soir d’une longue série de roulements de tambour. Flanqué du patron de la candidature, Casey Wasserman, et d’une poignée d’anciens athlètes, dont Janet Evans et Dawn Harper-Nelson, il a expliqué que le nouveau dispositif serait le plus économiquement responsable qu’il soit possible de proposer. Et pour cause, puisque les deux villages ne nécessiteraient pas la moindre nouvelle construction. Du neuf avec du vieux, donc. Elémentaire. Surtout, conforme en tous points aux résolutions de l’Agenda 2020 du CIO.

Dans le détail, le village des athlètes serait installé sur le campus d’UCLA, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest du site initial. LA 2024 en louerait l’usage à ses propriétaires, l’université californienne. Le montant de la location n’a pas été dévoilé. Selon le communiqué officiel de l’équipe de candidature (accessible en intégralité dans notre section « Communiqués de presse »), « le village olympique proposera, sur site, des centres d’entraînement de la plus haute qualité, ce qui offrira aux athlètes une grande commodité pour s’entraîner avant leurs épreuves, sans devoir quitter le village. Le village comprendra le stade Drake (…), il abritera également, au Sunset Recreation Center, les piscines de natation et les bassins de plongeon des Jeux, il possédera également, disséminés sur le campus, des sentiers de marche et des installations pour l’entraînement et pour la pratique récréative du tennis, du basket-ball, du volley-ball de plage, etc. Surtout, le village sera doté d’un gymnase ultramoderne équipé d’un mur d’escalade et du matériel le plus perfectionné pour la musculation, les exercices cardiovasculaires et les exercices physiques divers. Les athlètes pourront facilement consulter les plus grands médecins spécialisés au centre médical d’UCLA tout proche, une installation classée n° 3 dans l’ensemble des États-Unis et n° 1 dans la partie ouest du pays. »

Les médias pourraient, eux aussi, revivre à l’occasion des Jeux l’ambiance de leurs années d’études en étant hébergés sur le campus d’USC. Un complexe universitaire qui, selon l’équipe de candidature, « est en train de construire un nouvel ensemble de six hectares composé de commerces et de résidences, apte à accueillir 2.700 personnes et à leur proposer épicerie, pharmacie, centre de mise en forme, restaurants et boutiques de détail. »

Question coûts, difficile de faire mieux. A la différence de Paris et de Rome, où la construction d’un village des athlètes s’inscrirait dans un projet urbain à long terme, riche en « héritage olympique », Los Angeles opte pour une approche plus low-cost, tournée vers un passé illustre. Les porteurs du projet le rappellent: UCLA et USC ont non seulement « hébergé les athlètes des Jeux d’été de 1984, mais ils ont aussi, à eux deux, produit 821 olympiens (423 pour USC, 398 pour UCLA) et remporté 539 médailles olympiques (288 pour USC et 251 pour UCLA). Leur moisson combinée de médailles représente plus de 20 % des médailles totales remportées par les États-Unis. » Pas mal.