Candidatures

Hambourg 2024 plombé par le football

— Publié le 30 novembre 2015

Coup de massue à Hambourg. Ce lundi matin, l’équipe de candidature de la ville allemande s’est réveillée avec la douloureuse impression d’avoir été assommée. Dimanche 29 novembre, une majorité de la population locale a voté « Non » au référendum sur le projet olympique. Les opposants l’ont emporté, avec 51,6%, contre 48,4% pour le « Oui ». Un score que la victoire aisée des pros JO (65,57%) dans le port de Kiel, où auraient eu lieu les épreuves de voile, n’a pas suffi à inverser. L’écart est faible, le résultat est resté jusqu’au bout indécis. Mais le non au référendum condamne définitivement la candidature allemande pour les Jeux d’été en 2024.

Le retrait d’Hambourg fait-il les affaires des autres candidates, Budapest, Los Angeles, Paris et Rome? Non. Certes, le résultat du référendum écarte de la course un postulant qui aurait pu, grâce à ses idées, ses moyens et un séduisant projet, jouer un rôle intéressant, voire majeur, dans la campagne. Mais le non allemand, le deuxième en moins de trois ans après celui de Munich pour les Jeux d’hiver en 2022, marque une défaite pour le CIO, pour son président et plus largement pour le mouvement olympique. Une défaite qui, sur le moyen terme, ne profitera à personne.

Surtout, l’échec allemand révèle avec une certaine violence que les résolutions de l’Agenda 2020, adopté par le CIO en décembre dernier à Monaco afin de rendre les Jeux plus accessibles et moins coûteux, n’ont pas encore convaincu le grand public. En Allemagne pas plus, sans doute, que dans reste du monde. Aujourd’hui, il n’est pas certain qu’un même référendum aurait un résultat différent à Budapest, Los Angeles, Paris ou Rome.

A Hambourg, le maire Olaf Scholz a officialisé dès 21 heures, dimanche soir, le résultat du scrutin et l’abandon du projet olympique. Trente minutes plus tard, le directeur général de la candidature, Nikolas Hill, répondait par téléphone aux questions de quelques médias étrangers.

FrancsJeux: Quel est votre sentiment, après la victoire du « Non » au référendum olympique?

Nikolas Hill: Nous sommes évidemment très déçus. Toute l’équipe avait fait preuve d’un grand enthousiasme depuis le début du projet. Pour nous tous, la pilule est difficile à avaler. Mais une décision démocratique doit être acceptée. Nous avions dit, dès le début, que notre candidature n’avait de sens que si elle était supportée et accompagnée par la population.

Comment expliquez-vous ce résultat?

Nous avons vu le débat autour de la question des Jeux de 2024 évoluer au cours des dernières semaines dans un sens qui ne semblait pas favorable. Plusieurs sujets qui n’étaient pas directement liés aux JO en 2024 se sont invités dans le débat: la polémique sur le rôle de la Fédération allemande de football (DFB) dans l’attribution de la Coupe du Monde en 2006, les attentats terroristes à Paris, la crise des réfugiés… Ces sujets extérieurs ont fini par peser sur le choix de la population.

La comité olympique allemand (DOSB) avait pourtant cité, au cours des dernières semaines, un sondage d’opinion où le « Oui » l’emportait avec 71%…

C’est exact, mais ce sondage avait été réalisé auprès de la population allemande, non pas seulement à Hambourg et à Kiel.

Comment expliquez-vous la différence entre le résultat de Kiel, où plus de 65% des votants ont opté pour le « Oui », et celui enregistré à Hambourg?

A Kiel, les gens ont déjà connu les Jeux olympiques (la ville avait accueilli les épreuves de voile des JO de Munich en 1972, ndlr), ils en ont conversé un souvenir très fort. Ils voulaient revivre cette expérience. A Hambourg, ce n’était pas le cas.

Existe-t-il aujourd’hui une possibilité de sauver encore cette candidature?

Non. Le résultat du référendum la condamne définitivement.

Que souhaiteriez-vous dire à Thomas Bach, le président du CIO?

J’aimerais lui dire de continuer à pousser vers l’avant les résolutions de l’Agenda 2020. Ce processus de réformes peut contribuer à renforcer l’avenir du mouvement olympique. La roue tourne dans le bon sens.

Après Munich 2022, un deuxième référendum condamne une candidature allemande. Que cela signifie-t-il pour le sport allemand?

La situation de Munich 2022 n’est pas comparable à celle d’Hambourg 2024. Mais il est certain qu’il ne sera pas facile, à l’avenir, de construire un nouveau projet olympique en Allemagne.