— Publié le 4 novembre 2015

Lamine Diack, l’ex président est mis en examen

Institutions Focus

Sale temps pour Lamine Diack. Très sale temps. Un peu plus de deux mois après avoir cédé à Sebastian Coe les clefs de l’athlétisme mondial, l’ancien président de l’IAAF vient d’être rattrapé par la justice. A 82 ans, il se croyait à l’abri des mauvais coups et se préparait une retraite paisible, en famille, au Sénégal. Mais il a été mis en examen pour corruption, ce mercredi 4 novembre, par deux juges françaises.

Lamine Diack a été mis en examen pour « corruption passive et blanchiment aggravé ». L’information a été révélée par la chaîne d’information française iTÉLÉ, puis confirmée par une source judiciaire. Le Sénégalais a été laissé libre. Son conseiller juridique, l’avocat Habib Cissé, a également été mis en examen, mais uniquement pour corruption passive. En revanche, le médecin français Gabriel Dollé, responsable de la lutte antidopage à l’IAAF jusqu’à la fin de l’année passée, a été placé en garde à vue à Nice. Il avait démissionné de ses fonctions en décembre 2014, après la diffusion du premier reportage d’ARD, la chaîne allemande, sur le dopage dans l’athlétisme.

A ce stade de l’enquête, les informations restent rares. Tout juste sait-on que l’enquête concernerait les contrôles antidopage de « deux ou trois » athlètes russes, selon l’AFP, qui précise que les cas pourraient s’avérer plus nombreux.

Un communiqué du parquet financier précise que les investigations ont été lancées dès le 4 août dernier, à la suite d’une dénonciation de l’Agence mondiale antidopage (AMA) sur « des faits de corruption et de blanchiment mettant en cause plusieurs membres de la Fédération internationale d’athlétisme ». A l’évidence, Lamine Diack en faisait partie. Le même communiqué indique que, « le 1er octobre 2015, le parquet financier a ouvert une information judiciaire (pour) des chefs de corruption, recel, blanchiment en bande organisée et association de malfaiteurs, confiée à trois juges d’instruction financiers du tribunal de grande instance de Paris. Le 1er novembre, Lamine Diack, ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme, et Habib Cissé, son conseiller juridique, ont été placés en garde à vue (avant d’être) mis en examen des chefs de corruption passive et blanchiment aggravé (Lamine Diack) et corruption passive (Habib Cissé). Tous les deux ont été placés sous contrôle judiciaire. »

Les faits sont sérieux. Ils suggèrent que Lamine Diack aurait été au courant des actes de dopage révélés par la chaîne allemande ARD et le Sunday Times, ce qu’il a toujours nié. Ils laissent également penser que le Sénégalais aurait accepté de l’argent pour les garder dans l’ombre.

Désormais présidée par Sebastian Coe, l’IAAF a publié à son tour, ce mercredi, un communiqué de presse. Elle y explique que, « dans le cadre de l’enquête française, la police a perquisitionné le siège de l’IAAF hier (mardi, ndlr) pour mener des auditions et consulter des documents ». L’IAAF précise également « coopérer pleinement avec la justice française » dans l’enquête en cours. Selon Chris Turner, l’un de ses porte-paroles, Sebastion Coe se trouvait dans les locaux de l’IAAF à Monaco, mardi, et il aurait « parlé librement et de sa propre initiative » à la police française.

Lamine Diack et son conseiller, Habib Cissé, se sont pour l’instant refusés à toute déclaration. Sortiront-ils rapidement de leur silence? Difficile à dire. Une chose est sûre: il ne fait pas bon évoluer à un trop haut niveau, ces temps-ci, dans les institutions sportives internationales. Sepp Blatter a alimenté l’actualité au cours de l’été, Lamine Diack s’y installe en ce milieu d’automne. Dans les deux cas, la corruption est au cœur de l’affaire.