— Publié le 7 octobre 2015

A Rio, le temps des vaches maigres

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Les Brésiliens se seraient volontiers passés de ce privilège, mais ils ont anticipé le cours de l’histoire en s’apprêtant à recevoir les premiers Jeux « low cost » de l’histoire du mouvement olympique. Sans vraiment le vouloir, ils sont contraints de suivre à la lettre les recommandations de l’Agenda 2020: moins grand, plus durable, et surtout moins cher. Mardi 6 octobre, les organisateurs des Jeux de Rio 2016 ont fait savoir très officiellement qu’ils cherchaient à réduire de 10% le coût de l’événement.

En cause, la crise économique. Le Brésil en ignorait la réalité à l’époque où le CIO lui a accordé l’organisation des Jeux de 2016. Le pays se rangeait alors dans la catégorie enviée des nations « émergentes. » Depuis, la situation s’est dégradée. L’inflation est à la hausse, elle atteint aujourd’hui 10%. Le chômage grimpe. La crise politique s’étend. La devise brésilienne, le réal, a perdu 70% de sa valeur par rapport au dollar au cours des 12 derniers mois. En début de semaine, le Fond monétaire international (FMI) a annoncé une « contraction de 3% du PIB pour l’année 2015 ».

Dans un tel paysage, le comité d’organisation des Jeux a été prié de revoir ses comptes. Avec un mot d’ordre: réduire les coûts. Tous les coûts. Par tous les moyens. Officiellement, le discours se veut rassurant. « Il ne s’agit pas d’être modeste, mais d’être efficace et d’avoir du bon sens », avance Mario Andrada, le porte-parole du comité d’organisation. « Il n’y aura plus d’excès, mais nous ne sacrifierons rien d’essentiel », assure Sidney Levy, le directeur exécutif.

Objectif annoncé: une réduction de dépenses d’au moins 10%. Avec, parfois, des coups de ciseaux dans les budgets qui pourraient atteindre 30%. En soi, rien de dramatique. Mais les économies pourraient s’avérer plus difficiles à trouver que prévu avec le retard pris dans plusieurs secteurs clés, dont la construction des sites olympiques.

Pressés de questions sur les postes où réduire les dépenses, les organisateurs citent, en vrac, une politique moins dispendieuse en matière d’impression de documents, la réduction des effectifs et du nombre de bénévoles sur les épreuves pré-olympiques, l’utilisation généralisée de structures temporaires et enfin, mesure déjà annoncée, des cérémonie d’ouverture et de clôture à l’économie. Exemple: l’ajout d’un deuxième étage et d’autres infrastructures dans le stade Maracana, pour l’ouverture, est déjà abandonné.

Les organisateurs l’ont annoncé: ils publieront un budget revisité dès la semaine prochaine. En attendant, l’heure est plutôt à un effort de communication. Mario Andrada n’en fait pas mystère: « Si les gens pensent que nous faisons de notre mieux pour faire des économies, cela va libérer cette tension sur la façon dont vous pouvez dépenser autant d’argent dans un pays qui est en crise. » Pas question de voir les habitants descendre dans la rue. Les souvenirs des mouvements sociaux de l’année 2014 sont dans toutes les mémoires. Le Brésil n’en veut plus.