— Publié le 23 septembre 2015

A Rio, les économies se feront à tous les étages

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Aux oubliettes, le prestige et la course à l’armement. Aux orties, le tape-à-l’œil et la grandiloquence. Les organisateurs des Jeux de Rio en 2016 ont déjà prévenu: les cérémonies d’ouverture et de clôture des prochains Jeux, olympiques et paralympiques, se feront à l’économie. Une promesse qui n’a rien d’un effet d’annonce. Leur coût devrait représenter seulement 10% de la facture payée par les Britanniques à l’occasion des Jeux de Londres en 2012. Dix fois moins, rien que cela.

L’aveu a été lâché mardi 22 septembre par un personnage digne de foi, le cinéaste Fernando Meirelles. Connu mondialement pour son film « La cité de Dieu », réalisé en 2002, le Brésilien compte parmi les artistes recrutés pour travailler sur les cérémonies. Répondant aux questions de la presse, il a expliqué que le pays ne pouvait pas se permettre de dépenser des « sommes folles » dans ces quatre spectacles. « Il serait honteux de dépenser les mêmes sommes que Londres, alors que le Brésil a besoin d’argent pour la santé, l’éducation, a-t-il expliqué. Je suis très heureux que nous ne dépensions pas l’argent comme des fous. »

Même son de cloche chez Leonardo Caetano, le directeur des cérémonies. « Nous ne serons pas luxueux, mais nous serons originaux. Nous allons dépenser moins, mais nous compenserons avec de la créativité, du rythme et de l’émotion », a-t-il expliqué.

Dans les faits, les Brésiliens entendent jouer sur la tradition, la musique et l’histoire, sans se priver de quelques clichés. « Une cérémonie sans mention du carnaval ne serait pas une vraie cérémonie, a assuré Fernando Meirelles. A Rio, le Carnaval n’est pas un cliché. Les gens en raffolent. »

Andrucha Waddington, un autre cinéaste brésilien impliqué dans la préparation des festivités, a expliqué de son côté que les cérémonies auraient pour vocation de raconter l’histoire du Brésil, ses origines indigènes, l’arrivée de millions d’esclaves africains. Une plongée dans les racines brésiliennes que le comité d’organisation entend réaliser sans avoir à casser sa tirelire. A Londres, en 2012, la facture des cérémonies olympiques et paralympiques se serait élevée à 80 millions de livres, soit environ 110 millions d’euros au cours actuel. Selon Fernnado Meirelles, les Brésiliens devront composer avec une enveloppe « 10 à 20 fois inférieure ».

Pas simple. Mais les Brésiliens ont déjà fait savoir qu’ils n’utiliseraient rien de coûteux. « Ce ne sera pas high tech », a prévenu Fernando Mereilles. Pas question, donc, de piocher dans les outils technologiques, comme les drones, les scènes amovibles ou la 3D. A la place, retour à la simplicité. Un spectacle basique, enlevé et musical, pour lequel le comité d’organisation a débuté le recrutement de plusieurs milliers de volontaires, figurants ou artistes.

Un retour en arrière? Oui et non. Certes, la cérémonie d’ouverture des Jeux est devenue depuis les années 90 un spectacle global, de plus en plus destiné aux télévisions du monde entier. Une façon pour les organisateurs de créer l’événement avant même la première remise de médailles. En ce sens, les Jeux de Rio risquent fort d’inverser le mouvement. Mais leur démarche, dictée pour l’essentiel par des raisons budgétaires (le Brésil, en pleine récession, connaît une inflation à 10%), s’inscrit pleinement dans les résolutions de l’Agenda 2020, hostiles aux coûts démesurés. A Lausanne, le CIO doit apprécier.