Candidatures

Los Angeles 2024, ça coince déjà

— Publié le 27 août 2015

Semaine contrastée pour  le projet olympique américain. Mardi, la publication du dossier de candidature de Los Angeles, le « bid book », laissait penser que l’annonce officielle du choix du comité olympique américain (USOC) pour les Jeux d’été en 2024 n’était plus qu’une question d’heures. La ville californienne était prête, ou presque. Elle annonçait un budget de 4,1 milliards de dollars (3,6 milliards d’euros), proposait un dispositif en cinq pôles distincts, avançait un bénéfice de 161 millions de dollars, et suggérait d’organiser les Jeux entre le 19 juillet et le 4 août 2024. En prime, son équipe révélait un logo pour sa campagne de candidature (notre photo). Difficile de faire plus. Il se racontait même, à Los Angeles, que le maire de la ville, Eric Garcetti, avait déjà demandé à l’un de ses plus proches conseillers, Jeff Millman, de rejoindre au plus vite l’équipe de Los Angeles 2024.

Une affaire pliée, donc? Pas vraiment. La réunion du Conseil municipal, censée entériner l’engagement de la ville dans le projet olympique, et donner ainsi le feu vert à l’USOC pour en faire l’annonce au CIO et à la terre entière, était prévue en milieu de semaine. Elle a été reportée. Elle pourrait se tenir au plus tôt ce vendredi 28 août, plus sûrement la semaine prochaine, voire plus tard encore. Officiellement, le report doit permettre aux élus locaux de prendre connaissance du dossier de candidature, un document de 218 pages truffé de chiffres, de plans et de projets de développement pour la ville et ses environs immédiats.

En réalité, ça coince déjà au sein du Conseil municipal. Rien de grave, pour l’instant. Mais plusieurs de ses membres s’interrogent et se refusent à voter les yeux fermés pour un projet qui engage l’avenir de Los Angeles pour les 10 ou 20 prochaines années. En cause, les risques sur la fiscalité des habitants et sur le trafic routier. Refrain connu. Une pomme de discorde qui a largement contribué à renvoyer aux oubliettes l’option Boston pour les Jeux de 2024.

A la sortie de la réunion du Conseil municipal, mercredi 26 août, son président Herb Wesson, n’a pas caché ses réticences. « Nous n’allons pas nous engager dans une voie qui pourrait mettre les habitants de notre ville en danger », a-t-il expliqué, cité par Associated Press. Il a enfoncé le clou un peu plus tard dans la journée, via un communiqué de presse: « Il n’est pas question de laisser notre enthousiasme pour le projet nous détourner de nos responsabilités envers les contribuables. Nous ne prendrons aucune décision avant d’avoir examiné de près tous les éléments. »

Même son de cloche chez David Ryu, l’un des membres du Conseil municipal. « Quelles protections avons-nous? Allons-nous signer un chèque en blanc », interrogeait-il à la sortie de la réunion.

Sur le papier, le projet proposé par Eric Garcetti, le maire de Los Angeles, présente pourtant toutes les garanties. Il n’engage aucune dépense publique, promet d’utiliser les installations existantes, et assure de faire financer les travaux de construction ou de rénovation, en premier lieu le village des athlètes, par des fonds privés. Mais les élus californiens demandent à voir. Ils réclament un peu de temps, et pourquoi pas une expertise extérieure, avant de donner leur accord.

Seul ennui, le temps manque à l’USOC pour proposer au CIO une ville candidate. La date limite pour l’envoi des lettres d’intention a été fixée au 15 septembre 2015. Au-delà, il ne sera plus possible pour un comité national olympique de se réveiller et se lancer dans la course.

Preuve que le dossier de Los Angeles ne fait pas encore l’unanimité, un quotidien californien, le San Gabriel Valley Tribune, détaillait dans son édition de mercredi six autres projets qui, pour un budget égal à celui des Jeux en 2024, permettraient de changer radicalement la ville et la vie de ses habitants. Parmi eux, une extension du réseau de transports publics, le paiement des frais de scolarité de plus de 35.000 étudiants, ou encore un nouveau système de canalisations qui permettrait d’alimenter en eau tous les foyers de la ville pour les 100 prochaines années.