— Publié le 21 août 2015

« La crédibilité de l’athlétisme n’est pas atteinte »

Institutions Focus

Il n’est pas sans danger de se pointer à proximité immédiate d’un stade d’athlétisme, en ces temps très agités pour le premier sport olympique. Thomas Bach en a fait l’expérience, ce vendredi 21 août, à l’hôtel Intercontinental de Pékin. Le président du CIO était invité à diriger, avec son homologue de l’IAAF, le Sénégalais Lamine Diack (notre photo), une réunion commune des deux instances décisionnaires de leurs institutions respectives. La commission exécutive pour le CIO, le Conseil pour l’IAAF. En soi, pas de quoi arrêter le cours du temps. Mais la conférence de presse qui a suivi la dite réunion, dans un salon de l’hôtel aux dimensions d’une cathédrale, a a tourné autour d’un seul sujet, prévisible mais un rien répétitif: le dopage. Sujet glissant, pour l’un comme pour l’autre.

A en croire Lamine Diack, les relations entre l’IAAF et le CIO auraient tout d’un « long chemin tranquille ». Les deux institutions se respectent et s’apprécient. Leur conférence de presse commune de Pékin a prouvé qu’elles savaient aussi parler la même langue, soignée et polie, mais plutôt vide de contenu.

D’un côté, un Lamine Diack droit dans ses bottes, assurant d’une voix à peine voilée: « Je ne crois pas que l’athlétisme ait perdu sa crédibilité. On entend beaucoup de bruit dans la presse, en ce moment, mais les accusations dont nous sommes l’objet de la part de certains médias sont ridicules et sensationnalistes. Nous continuons à travailler pour lutter contre le dopage. Je le fais depuis longtemps. Seb (Coe) va poursuivre le travail avec la même transparence. Je ne suis pas en train de nier que nous rencontrons actuellement un problème, mais la vie est ainsi, elle est une succession de problèmes. Nous allons le régler. »

Le président de l’IAAF, pour enfoncer le clou, sort de sa poche une poignée de chiffres. Il se veut convaincant, mais ses données ont plutôt l’effet inverse. « Nous effectuons 3000 tests antidopage par an, seulement 200 d’entre eux sont positifs, dit-il. Mais pourquoi vous intéressez-vous autant à ces exceptions? Vous en oubliez de parler de tous les athlètes dont les contrôles son négatifs. » Deux cents dopés par an, ce n’est tout de même pas rien, Monsieur le président…

De l’autre côté de la table, un Thomas Bach d’une prudence extrême, réussissant le tour de force de répondre longuement à la plupart des questions, mais sans vraiment s’écarter d’un discours lisse et convenu. A l’image de Lamine Diack, Thomas Bach évite soigneusement le mode affirmatif. « Une enquête a été confiée à une commission indépendante, dit-il. Attendons ses résultats avant de nous prononcer. Il n’est pas opportun aujourd’hui de faire des commentaires. Je rappelle que nous devons respecter la présomption d’innocence. Les analyses suspectes sorties par la presse ne révèlent aucun cas positif avant 2009 et l’introduction du passeport biologique par l’IAAF. Elles peuvent seulement servir d’indications pour cibler les contrôles antidopage. »

Emboîtant le pas de Lamine Diack, Thomas Bach avoue lui aussi sa confiance en Sebastian Coe, fraîchement élu à la tête de l’IAAF. « Avec Sebastian, nous avons toujours été ensemble dans la lutte antidopage. Nous allons continuer à travailler de façon proche, pour une tolérance zéro en matière de dopage. » Le président du CIO accueille même avec bienveillance l’idée formulée par le Britannique de créer un organisme indépendant chargé de mener la lutte. Une idée qui pourrait être discutée, a assuré Thomas Bach, lors du prochain Sommet olympique, prévu en octobre à Lausanne. L’avenir se présente bien. Qui a parlé de problèmes?