— Publié le 20 août 2015

A l’IAAF, le présent se conjugue déjà au futur

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Une page a été tournée, mercredi 19 août, pour l’athlétisme mondial. Sebastian Coe, 58 ans, a succédé à Lamine Diack, 82 ans, à la présidence de l’IAAF. Un britannique pour remplacer un Sénégalais. Un ancien spécialiste du demi-fond à la place d’un ex sauteur en longueur.

Pour l’IAAF, le changement ne sera pas seulement culturel et linguistique. Avec Sebastian Coe, qui recevra officiellement les clefs de l’institution dimanche 30 août, au dernier soir des Mondiaux de Pékin, la Fédération internationale d’athlétisme s’offre un coup de jeune. Elle prépare aussi son avenir. Le Britannique l’a expliqué à sa façon, moins d’une heure après son élection: « Cette campagne a été longue et difficile. Mais elle a permis à notre sport de marquer une pause, de se pencher sur lui-même et d’envisager à quoi ressembleront les 30 ou 40 prochaines années. »

Elu avec 115 voix, contre 92 à son rival Sergueï Bubka, Sebastian Coe a beaucoup promis pendant ces longs mois de campagne. Il lui faudra maintenant tenir ses promesses. La première est d’ordre financier: distribuer à chacune des 214 fédérations nationales la somme de 200.000 dollars par olympiade, soit le double des fonds alloués jusque-là par l’IAAF sur les revenus versés par le CIO. Elle a en les moyens. Facile, donc.

Le reste s’annonce moins arithmétique. Sur la question du dopage, la plus médiatique du moment, le Britannique veut innover en créant une agence indépendante chargée de faire la chasse aux tricheurs. « Mais je veux aussi continuer à accorder toute ma confiance à l’équipe de l’IAAF en charge de la lutte antidopage », a-t-il insisté. La tâche ne sera pas simple. Elle ne l’était pas pour Lamine Diack. Elle ne le sera pas plus pour lui.

Sebastian Coe veut aussi réformer le calendrier, pour le rendre plus lisible, « plus compréhensible pour l’ensemble du public ». Comment? Mystère. Le Britannique veut se donner du temps. Il n’en aura pas beaucoup, attendu au tournant qu’il est sur cette épineuse question.

Il souhaite aussi séduire la jeunesse, redonner à l’athlétisme une place prioritaire dans les écoles, le faire sortir du stade. Comment? Là aussi, Sebastian Coe ne souhaite pas encore répondre. Il veut du temps. Mais pour avoir visité les 214 pays membres de l’IAAF, du plus riche au plus pauvre, pour avoir avalé plus de 700.000 km en avion depuis les dernières fêtes de fin d’année, il assure connaître aujourd’hui la réalité de chacun et les attentes de tous.

En attendant de voir le double champion olympique du 1500 m s’installer dans son bureau présidentiel à Monaco, l’IAAF a profité de son Congrès de Pékin pour amorcer déjà un premier pas vers son avenir. Ses délégués ont opéré, mercredi à Pékin, plusieurs changements:

– la limitation à trois du nombre de mandats pour le président;

– un membre du Conseil ne pourra pas être élu, ou réélu, s’il atteint 70 ans l’année de son élection;

– au moins un des quatre vice-présidents de l’IAAF devra être une femme.

Un premier pas vers une forme de modernité. La suite devra être plus radicale. « L’athlétisme est le sport numéro un et je suis ravi d’être le président du sport numéro un, a expliqué Sebastian Coe. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que notre sport conserve ses valeurs, son héritage et les fondations solides que le président Lamine Diack m’a léguées. » Le Britannique devrait aussi succéder au Sénégalais comme membre du CIO, sans doute dès l’été prochain à l’occasion de la session de l’institution olympique à Rio de Janeiro. Suivre ses pas, certes, mais s’en écarter assez tôt pour tracer sa propre route.