— Publié le 28 mai 2015

FIFA 2015, le jeu de massacre

Institutions Focus

Qui a prétendu que la Suisse incitait au calme et à la sérénité? Au lendemain de l’arrestation de sept dirigeants du football mondial pour soupçons de corruption, la journée du 28 mai n’a laissé aucun répit aux amateurs de scandales et de sensationnel. Un tourbillon sans fin, avec la ville de Zurich, siège de la FIFA, en fond de décor, Sepp Blatter dans le rôle principal et un nombre incalculables d’acteurs différents, dont certains assez peu attendus. Preuve de l’impact de l’affaire, et de l’universalité du football, le monde entier s’est invité sur la scène.

Passons rapidement sur l’anecdotique et le superflu. Par exemple, la déclaration très solennelle de David Ginola, ex attaquant vedette, candidat farfelu et épisodique à la présidence de la FIFA, suggérant avec des airs de connaisseur que Sepp Blatter était « forcément responsable ». Le scoop. Ou encore la prise de position de Vladimir Poutine, le président russe, affirmant depuis Moscou que les Etats-Unis auraient provoqué le scandale pour « empêcher la réélection de Blatter ». Osé. Passons également sur les opinions plus ou moins pertinentes exprimées par des chefs d’Etat ou de gouvernement, la palme revenant à David Cameron, le Premier ministre britannique allant jusqu’à se déclarer en faveur du Prince Ali bin Al Hussein, le rival jordanien de Sepp Blatter. Depuis quand vote-t-il?

Difficile de retrouver son chemin dans une telle cacophonie. Mais quelques faits et déclarations méritent d’être sortis du lot. Ils permettent d’y voir un peu plus clair, à la veille d’une élection à la présidence de la FIFA qui s’annonce, vendredi, comme la plus médiatique de l’histoire du ballon rond.

– La Confédération africaine de football (CAF) ne bouge pas un cil malgré la tempête. Dans un communiqué, elle s’est déclarée opposée à un report du Congrès de la FIFA (ouvert ce jeudi 28 mai en fin d’après-midi) et a renouvelé son soutien à Sepp Blatter.

– L’Afrique du Sud a rejeté jeudi les accusations de corruption lors de l’attribution du Mondial 2010. Son ministre à la présidence, Jeff Radebe, a assuré que son pays avait « reçu un audit impeccable » du cabinet Ernst&Young.

– Le ministre des Sports russe, Vitaly Mutko, a assuré depuis Moscou qu’il n’y avait « aucun risque » que la Russie se voit retirer l’organisation de la Coupe du Monde en 2018.

– Visa, l’un des sponsors officiels de la FIFA, a fait savoir via un communiqué qu’il envisagerait de mettre fin à son partenariat si la fédération internationale ne prenait pas rapidement toutes les mesures nécessaires pour restaurer sa réputation et celle du football.

– L’Australie a annoncé qu’elle voterait contre Sepp Blatter, l’UEFA lui emboîtant le pas en déclarant que « la majorité de ses membres » se rangerait derrière le Prince Ali lors de l’élection.

– Michel Platini, le président de l’UEFA, a indiqué en milieu de journée avoir demandé à Sepp Blatter de démissionner, à l’occasion d’une réunion des patrons de confédérations continentales, organisée le matin même à Zurich.

– Les sept dirigeants de la FIFA arrêtés mercredi matin dans leur hôtel de Zurich, ont précisé, selon la police suisse, qu’ils allaient s’opposer à leur extradition vers les Etats-Unis.

– L’association uruguayenne de footballeurs professionnels a annoncé qu’elle demanderait « la fin de la suspension » imposée par la FIFA à Luis Suarez, son attaquant vedette (sanctionné de 9 matches de suspension en équipe nationale après avoir mordu un défenseur italien au Mondial 2014), la sanction ayant été prononcée par « un organisme soupçonné de corruption ».

– Thomas Bach, le président du CIO, s’est invité dans le débat en demandant à la FIFA de « faire toute la lumière sur les accusations de corruption ». Il a rappelé que l’Agenda 2020 insistait sur « le principe de tolérance zéro dans la lutte contre la corruption ».

– Enfin, le meilleur pour la fin. Dans son discours d’ouverture au 65ème Congrès de la FIFA, Sepp Blatter a eu ces mots: « Je ne peux pas surveiller tout le monde. Si certains veulent mal faire, ils tenteront aussi de s’en cacher. Les prochains mois ne seront pas faciles pour la FIFA. Je suis sûr que d’autres mauvaises nouvelles sont à venir. Mais il est important de restaurer la confiance ».