— Publié le 30 octobre 2014

«Nous devons savoir qui a voté pour qui»

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Peu de présidents d’une fédération internationale peuvent se vanter d’avoir connu l’ivresse d’un titre olympique. Poul-Erik Hoyer est de ceux-là, tout comme Jean-Christophe Rolland, élu à la tête de l’aviron mondial l’an passé. Le Danois, champion olympique en simple à Atlanta en 1996, préside depuis le printemps 2013 la Fédération internationale de badminton (BWF). Il est également membre du CIO depuis le début de l’année. FrancsJeux l’a rencontré à Paris, à l’occasion des Internationaux de France. Interview.

 

FrancsJeux: Quels ont été vos priorités de président depuis votre élection à la tête de la BWF en mai 2013?

Poul-Erik Hoyer: Ma priorité a d’abord été de faire progresser le badminton dans la hiérarchie des sports olympiques. Et nous y sommes parvenus, en intégrant le groupe des disciplines classées de 9 à 16 par le CIO. A mes yeux, cela constitue une très grande réussite. Nous avons également beaucoup œuvré pour l’entrée du para-badminton aux Jeux paralympiques. Et, là aussi, nous avons atteint notre objectif. Mais je ne veux pas m’attribuer le crédit de ces deux avancées, elles sont surtout le résultat du travail effectué dans le passé par l’équipe précédente. Il nous reste maintenant à nous concentrer sur un autre objectif: augmenter notre audience, sur le plan mondial, afin de renforcer la présence du badminton sur les chaînes de télévision.

Aujourd’hui, comment comptez-vous poursuivre le développement du badminton d’ici aux prochains Jeux?

Notre priorité, d’ici aux prochains Jeux olympiques, est de poursuivre le développement du badminton au niveau scolaire. Notre sport doit être encore plus présent dans les écoles, sur le plan mondial, en pénétrant mieux les zones géographiques où il reste encore peu visible. A ce titre, le cas de la France est très intéressant. Le badminton y a gagné, en quelques années, la place de premier sport individuel scolaire. C’est une formidable réussite qui doit servir d’exemple pour montrer aux autres pays la voie à suivre. L’autre priorité est de poursuivre et accélérer notre programme de formation des entraîneurs. Nous avons besoin de plus de coachs, à tous les niveaux de la pyramide, depuis l’initiation jusqu’à la pratique en grande compétition.

En votre qualité de membre du CIO, quel regard portez-vous sur l’Agenda 2020?

L’agenda 2020 initié par Thomas Bach est très important pour le CIO et pour le mouvement olympique. Il doit encore être finalisé, il prendra une forme plus concrète lors de l’Assemblée générale du mois de décembre à Monaco, mais il envoie déjà un message, celui de la volonté du CIO d’aller de l’avant vers plus de transparence et de diversité. Cet agenda 2020 va définir une stratégie pour le mouvement olympique d’ici aux Jeux de Tokyo.

Quelle a été la contribution du badminton à l’Agenda 2020?

Nous avons apporté un certain nombre d’idées, notamment dans un domaine qui me semble important: le processus d’attribution des Jeux olympiques. Nous avons suggéré, par exemple, de rendre ce processus beaucoup plus ouvert et transparent, en communiquant le détail des votes. Cela permettrait de savoir qui a voté pour qui.

Le badminton a connu une progression assez spectaculaire en France, au cours de ces dernières années. Que lui manque-t-il encore pour gagner en présence dans le grand public et les médias?

Ce qui est intéressant, dans le cas de la France, est d’observer la progression du badminton, notamment en termes de licenciés, malgré l’absence de joueurs de très haut niveau. L’équipe de France possède des joueurs de talent, plein de promesses, mais aucun ne figure dans le top 3 ou 4 mondial. En ce sens, on peut penser que le meilleur est encore à venir pour le badminton français. Il doit se concentrer sur le haut niveau avec l’ambition de voir l’un ou l’autre de ses joueurs s’imposer un jour dans les tournois majeurs. Mais j’avoue être très impressionné par le travail réalisé par la Fédération française de badminton, ses dirigeants, ses cadres, ses volontaires. Elle possède une excellente organisation et une véritable stratégie.