Candidatures

Les Allemands prennent tout le monde de vitesse

— Publié le 29 octobre 2014

L’Allemagne était censée attendre. Elle avait annoncé vouloir prendre son temps. Visiblement, elle trompait son monde. Le comité olympique allemand (DOSB) s’est prononcé, mardi 28 octobre, en faveur d’une candidature à l’organisation des Jeux d’été en 2024. Il en a fait très officiellement l’annonce, par la voix de son président, Alfons Hörmann, lors d’une conférence de presse dans les environs de Francfort, au siège du comité.

« Nous sommes fermement convaincus que c’est une grande opportunité pour la ville candidate et pour le sport allemand en général », a déclaré Alfons Hörmann. Avant de préciser que la décision avait été prise à l’unanimité des membres de la direction du DOSB. Il reste désormais à la faire valider par l’Assemblée générale du comité olympique allemand, prévue le 6 décembre à Dresde, mais cette dernière étape est présentée comme une simple formalité.

Comme on pouvait s’y attendre, après les déclarations des porteurs du projet depuis plusieurs semaines, la candidature allemande ne porte pas seulement sur les Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Fins connaisseurs du mouvement olympique, de ses usages et de sa sensibilité, les Allemands ont fait savoir que le dossier concernerait également les Jeux de 2028, en cas d’échec dans la course à l’édition 2024. Une manière de démontrer leur extrême motivation. Une façon, également, d’installer leur projet dans la durée et de prendre déjà date pour l’avenir.

Reste une question: la ville candidate. Deux options se présentent: Berlin, la capitale, hôte des Jeux d’été en 1936, et Hambourg, le premier port du pays, au nord du territoire. Dans les deux cas, les habitants seront invités à se prononcer sur la candidature de leur ville lors d’une consultation populaire. Un processus qui avait été fatal à Munich, dans la course aux Jeux d’hiver de 2022, les Bavarois ayant rejeté le projet au terme du référendum.

Selon un sondage réalisé pour le DOSB, le soutien populaire s’avère actuellement plus franc côté Hambourg, où 53% des personnes interrogées se sont déclarées favorables au projet olympique. A Berlin, la même enquête d’opinion a révélé un taux de soutien de seulement 48%.

Le maire de Berlin, Klaus Wowereit, avait pourtant pris les devants, en mars dernier, en assurant que sa ville réunissait « les conditions pour accueillir » les Jeux, notamment en termes d’infrastructures sportives. Mais depuis, il a démissionné et quittera son fauteuil à la fin de l’année.

L’annonce de la ville allemande retenue aura lieu après les deux référendums, le 21 mars 2015, lors d’une assemblée extraordinaire du DOSB. Le comité olympique allemand devra ensuite transmettre le dossier de candidature au CIO avant le mois de novembre 2015.

En soi, l’annonce allemande ne constitue pas une surprise. Mais le timing laisse perplexe. Le DOSB avait récemment assuré vouloir attendre l’Assemblée générale extraordinaire du CIO, les 8 et 9 décembre à Monaco, où doit notamment se discuter d’une réforme du processus de candidature, avant de prendre une décision. A l’évidence, les garanties apportées par Thomas Bach la semaine passée, à l’issue de la réunion de la commission exécutive du CIO à Montreux, a levé les derniers doutes des dirigeants allemands.

Une chose est sûre: l’annonce des Allemands planera au-dessus de la conférence de presse que doivent tenir les porteurs du projet Paris 2024, mardi 4 novembre au siège du comité olympique français. Bernard Lapasset, le patron du Comité français du sport international, Denis Masseglia, le président du CNOSF, et Patrick Kanner, le ministre des Sports, doivent y présenter les résultats de l’étude d’opportunité d’une candidature de la France. La balle est dans le camp parisien.