Candidatures

Pour gagner, Oslo 2022 compte sur Lillehammer 1994

— Publié le 11 février 2014

Après les Chinois de Pékin et les Ukrainiens de Lviv, les Norvégiens d’Oslo ont poursuivi le ballet des prétendants aux Jeux d’hiver de 2022. Un ballet réglé avec précision par le règlement du CIO: chaque équipe de candidature peut se présenter face aux médias internationaux, dans une même salle de conférence de presse, pendant moins d’une heure.

A ce jeu, la délégation d’Oslo a, objectivement, fait mieux que ses deux premières rivales. A la froide assurance chinoise et à l’évidente inexpérience ukrainienne, Oslo a opposé un mélange assez réussi de compétence et de sérénité, sans s’interdire une pointe d’humour pour Gerhard Heiberg, le membre norvégien du CIO, ex patron des Jeux de Lillehammer en 1994.

La délégation de Pékin était exclusivement masculine et habillée de costumes sombres. Lviv avait aussi opté pour le costume, mais en invitant une femme, dont le temps de parole n’a pas excédé une courte minute. Les Norvégiens ont voulu montrer en se présentant en pulls scandinaves que les sports d’hiver étaient chez eux une affaire de tradition. Eux aussi avait une femme dans leur équipe de six personnes. Elle a parlé, souvent et très bien. Et pour cause: Eli Grimsby est la directrice générale du comité Oslo 2022. Autre joli coup de la délégation norvégienne: la présence de Bjorn Daehlie, la légende du ski de fond, athlète le plus médaillé de l’histoire des Jeux d’hiver avec huit titres olympiques entre 1992 et 1998.

Voilà pour la forme. Le fond? Modeste. Oslo 2022 se présente en exacte opposée de Sotchi 2014 la dispendieuse. « Notre budget est de 3,4 milliards de dollars (2,5 milliards d’euros), y compris les investissements publics et la sécurité. En plus, nous avons prévu environ 2 milliards de dollars (1,45 milliard d’euros) d’investissements privés pour la construction de certains équipements, dont le village des athlètes », a expliqué Eli Grimsby. Avant de souligner: « C’est un petit budget mais nous pensons que cela suffira. Nous avons promis au peuple norvégien de ne pas le dépasser. »

Un budget low-cost, un projet résolument écolo, avec du développement durable à tous les étages, un héritage historique et le soutien d’une population où deux tiers des jeunes se sont montrés favorables à la candidature lors du référendum de 2013… Oslo joue la carte de la sagesse et de la sécurité. « Avec nous, le CIO n’aura pas de mauvaise surprise », avance Gerhard Heiberg.

Les Norvégiens le savent: leur meilleur atout se nomme Lillehammer 1994. Personne n’a oublié ces Jeux d’hiver « au village », considérés par beaucoup comme les plus réussis de l’histoire. Ils en agitent donc le souvenir comme un pompon au-dessus d’un manège. « Oslo et Lillehammer n’ont pas beaucoup changé depuis cette époque, explique Bjorn Daehlie. Nous pensons pouvoir y récréer l’ambiance unique des Jeux de 1994 ». Gerhard Heiberg précise pourtant, malin comme un singe: « La seule chose qui ait vraiment changé, ce sont les transports. Il est aujourd’hui beaucoup plus facile de rejoindre Oslo et Lillehammer, par la route comme par le train ».

En attendant le passage de Cracovie et d’Almaty, le deux derniers prétendants, Oslo 2022 mène l’allure. En pull de laine mais avec élégance.