— Publié le 25 mai 2013

Michel Platini, l’art du suspense

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Ira ou ira pas ? Michel Platini aime entretenir le doute quant à sa possible candidature à la présidence de la FIFA. Le dirigeant français a profité du Congrès de l’UEFA, à Londres, pour jouer les cachotiers. Et laisser la place à toutes les spéculations. « Je réfléchis, a sobrement expliqué l’ancien numéro 10. Mais je ne réfléchis pas en fonction de ce que fait Sepp Blatter. Je ne sais d’ailleurs pas du tout ce qu’il a l’intention de faire. Ce n’est pas parce qu’il se présenterait que je ne me présenterais pas, ou l’inverse. J’ai le temps, je n’ai pas pris de décision. J’y pense parce que chaque fois que je vois un journaliste, il me le demande. »

On n’en saura pas plus. Au moins pour l’instant. Mais Michel Platini n’a nul besoin d’accélérer l’allure. L’élection à la présidence de la FIFA n’aura pas lieu avant 2015. Surtout, le doute plane encore sur l’attitude que choisira d’adopter Sepp Blatter, l’actuel président. Après avoir dit été répété qu’il ne se représenterait pas, le Suisse semble avoir changé d’avis. A 77 ans, il a même laissé entendre en début de mois, à l’occasion du Congrès de la Confédération asiatique, qu’il en reprendrait peut-être pour 4 ans.

En attendant de porter ses regards vers le monde, à savoir la FIFA, Michel Platini se préoccupe de l’Europe, c’est-à-dire l’UEFA. Une institution qu’il entend voir prendre les devants dans la lutte comme, selon ses propres termes, les trois « dangers qui gangrènent de l’intérieur le football »: les matchs truqués, les discriminations et les dérives financières.

«Il y a tout d’abord les matchs truqués et les paris, explique le président de l’UEFA. Notre système de surveillance des matchs et notre réseau d’officiers d’intégrité présents dans chaque pays sont bien sûr utiles et même indispensables, mais ce n’est pas assez. Nous ne sommes pas face à des petits délinquants qui cherchent à arrondir leurs fins de mois. Il semble que nous soyons dans certains cas plutôt face à des organisations de type mafieuses qui se servent de quelques matchs pour blanchir de l’argent et donc salir notre sport. »

Michel Platini appelle à la création d’une police européenne du sport. Et il prévient : « Si par malheur cet appel n’est à nouveau pas entendu, je demande au moins à ce que chaque pays adopte une disposition spécifique de droit national portant sur les matchs truqués, afin de se doter enfin des outils juridiques nécessaires pour condamner sans concession les tricheurs. »

Autre danger : les discriminations. A son initiative, le Congrès de l’UEFA a voté un texte qui imposera désormais un minimum de dix matchs de suspension aux auteurs d’actes discriminatoires, joueurs ou dirigeants, lors des rencontres européennes. Lorsque des supporteurs se rendront coupables de comportements racistes, le stade concerné sera frappé d’une fermeture partielle à la première infraction et d’une fermeture totale et d’une amende de 50.000 euros en cas de récidive.

Enfin, dernier des trois dossiers jugés prioritaire par Michel Platini : le fair-play financier. Le Français ne relâche pas la pression. « Pour éviter que le système actuel ne s’écroule et que la bulle n’explose, il était du devoir de l’UEFA d’intervenir et il sera du devoir des instances indépendantes de sanctionner les quelques clubs qui n’ont pas pris conscience que le football ne peut plus vivre au-dessus des règles. »