— Publié le 21 mai 2013

« Notre modèle est fatigué. Il est urgent de le rénover. »

Institutions Focus

Quatre ans presque jour pour jour après avoir succédé à Henri Sérandour à la tête du CNOSF, Denis Masseglia brigue un deuxième mandat, jeudi 23 mai 2013. Seul candidat, le Marseillais devrait rempiler pour quatre nouvelles années sur le fauteuil présidentiel. Il a répondu sans détour aux questions de FrancsJeux.

FrancsJeux : En 2009, vous aviez dû écarter plusieurs rivaux, dont Guy Drut et Jean-Luc Rougé, pour décrocher la présidence du CNOSF. Cette fois, vous êtes seul en lice. Doit-on en conclure que vous avez éteint la concurrence ?

Denis Masseglia : J’aurais préféré avoir face à moi un ou deux adversaires, car le débat d’idées ne me gêne pas, au contraire. Me retrouver seul candidat prouve peut-être que le travail a été bien fait, ces quatre dernières années. Et que le CNOSF est en bon état de marche. Beaucoup de projets ont été concrétisés, au cours de ce premier mandat : la gouvernance du sport, la télévision, le Club France aux Jeux de Londres… Et nous avons montré une forte mobilisation pour faire aboutir plusieurs projets de loi, dont ceux sur les paris sportifs  et sur le régime de retraite des sportifs de haut niveau.

Avec un seul candidat à la présidence, que peut-on attendre du vote de l’Assemblée générale du CNOSF, jeudi 23 mai ?

Mon adversaire sera l’abstention, ou le vote contraire. J’avais obtenu 75% des voix, en 2009, lors de la ratification par l’Assemblée générale du CNOSF. J’ai toujours pensé qu’un tel résultat face à une concurrence n’avait pas le même poids que le même score en étant seul en lice.

Au cours de ce premier mandat de quatre ans, de quoi êtes-vous le plus fier ?

Avoir été capable de fédérer. Après avoir été élu face à trois rivaux, l’enjeu était de rassembler. Et il faut au moins un mandat pour y parvenir. Il était nécessaire d’avoir un mouvement sportif uni. L’absence de concurrence, pour ce deuxième mandat, prouve que j’y suis parvenu. Les conditions sont aujourd’hui réunies pour faire avancer notre modèle sportif. Nous sommes aujourd’hui le seul pays au monde à fonctionner ainsi. Il est temps d’en changer.

A l’inverse, quel a été votre plus grand regret ?

L’échec d’Annecy 2018. Il fallait aller au bout, mais le résultat, par son ampleur et par la manière, reste une grosse déception. Après le retrait d’Edgar Grospiron du comité de candidature, nous avons vu arriver une décision du Ministère (la nomination de Charles Beigbeder, ndlr) sans en avoir été prévenus. Un ministre n’a pas toujours raison envers et contre tout.

Quelles sont les grandes lignes de votre programme de candidat à la réélection ?

Renforcer la communication des disciplines olympiques via la télévision, la promotion via le Club France, le partenariat… Mais ce sont des outils. Le plus important est, pour le mouvement sportif, d’accéder à une plus grande autonomie. Nous devons faire évoluer la gouvernance du sport. La force du sport français est son mouvement sportif. Mais rien n’est fait pour nous faciliter la vie. Aujourd’hui, nos moyens diminuent, mais les complications administratives demeurent. La voilure administrative est vraiment très lourde.

En début d’année, l’Etat vous a très solennellement confié la responsabilité des relations internationales du sport français. N’est-ce pas la preuve d’une réforme de la gouvernance en votre faveur ?

Dans les propos, oui. Mais regardez la réalité des moyens. L’an passé, l’Etat versait 1 million d’euros aux fédérations pour leurs relations internationales, plus 300 000 € au CNOSF. Cette année, l’enveloppe globale est de 500 000 €. Il ne faudrait pas que le transfert des responsabilités vers le mouvement sportif s’accompagne d’une attente à réaliser des miracles. On a beaucoup parlé, ces derniers temps, du modèle anglais et de l’exemple de UK Sport, l’organisme britannique en charge du haut niveau. Mais pas moins de 100 personnes travaillent à UK Sport. Nous n’avons pas les mêmes moyens. Notre modèle est fatigué. Il est urgent de le rénover.

La France présentera-t-elle une candidature aux Jeux d’été de 2024 ?

Nous avons toujours dit que nous avions une ambition olympique. Mais il est trop tôt pour se poser la question. Nous devons attendre de voir qui aura les Jeux de 2020 et qui présidera le CIO. Une candidature n’a de sens que si elle s’appuie sur un projet. Elle doit contribuer à mettre le sport au cœur de la société. Une candidature doit être voulue et appuyer par l’Etat, par le territoire concerné et par le mouvement sportif. Aujourd’hui, nous en sommes loin.

Photo © Christophe Morin