— Publié le 12 mars 2013

« Je suis pessimiste pour le football africain »

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Pour Marcel Desailly, l’ancien capitaine des Bleus, la perspective de voir une équipe africaine crever le plafond lors de la prochaine Coupe du Monde semble très limitée. Il l’a confié à FrancsJeux à l’occasion de sa visite à Rio, pour les Trophées Laureus.

 

FrancsJeux : A 15 mois de la Coupe du Monde 2014, imaginez-vous une équipe africaine réussir une grosse performance l’an prochain au Brésil ?

Marcel Desailly : Non. J’étais pessimiste pour le football africain en 2010, même si beaucoup avaient espéré que l’avantage du terrain puisse être décisif. Je le suis encore plus aujourd’hui. En 84 ans de Coupe du Monde, aucune équipe africaine n’a pu atteindre les demi-finales. J’imagine assez mal que les choses changent l’an prochain au Brésil.

Que manque-t-il à ces équipes ?

Les équipes africaines sont encore, pour la plupart, composées d’une majorité de joueurs évoluant dans leur propre championnat. Or, ces championnats nationaux restent d’un niveau incomparable avec celui des grandes nations européennes. Certes, ces formations comptent souvent trois ou quatre stars en contrat avec des clubs en Angleterre, France, Allemagne, Italie ou Espagne. Mais ils n’ont plus assez de temps de jeu. Quand ils débarquent dans leur sélection, pour une Coupe du Monde, ils ont trop rarement joué 90 minutes de suite. Dans un Mondial, les joueurs africains laissent toute leur énergie dans les trois rencontres du premier tour. Quand surviennent les matchs à élimination directe, face à des grosses formations européennes, ils ne tiennent pas la distance.

Seriez-vous tenté par une expérience de sélectionneur d’une équipe africaine ?

Aujourd’hui, non. Les possibilités sont trop réduites. Je ne veux pas prendre une équipe pour dire que j’en ai pris une. Je suis en train de passer mes diplômes d’entraîneur. Et j’ai accepté une mission auprès de la Fédération française de football pour apporter aux pays africains, principalement à leurs coachs, le savoir-faire à la française.

Aujourd’hui, non. Mais demain ?

Demain, peut-être. Mais j’aurai envie de prendre une équipe qui n’a rien gagné. En Afrique, peut-être, ou pourquoi pas en Asie. La prendre tout en bas et l’amener le plus haut possible.